Le journal Le Parisien a publié un manifeste, initié par l’ex-ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy et signé par plusieurs personnalités médicales, dont le Pr François Bricaire et le Patrick Pelloux, qui demande au Premier ministre Edouard Philippe que les médecins puissent prescrire plus facilement aux patients de l’hydroxychloroquine face à l’épidémie de Covid-19.
Voici le texte de leur appel :
« #NePerdonsPlusDeTemps », Collectif du 3 avril 2020.
« Nous vivons une crise sanitaire mondiale d’une grande ampleur et notre pays est fortement frappé par la vague épidémique de Covid-19.
Chaque jour, nous déplorons de nombreux décès. Contre cette maladie, nous ne disposons ni de vaccins, ni de traitement antiviral même si les données scientifiques actuelles sont parcellaires et discordantes.
Des données chinoises récentes ont suggéré l’efficacité de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine au laboratoire et chez les malades. Une étude publiée par Chen et coll. (Efficacy of hydroxychloroquine in patients with Covid-19 : results of a randomized clinical trial) montre l’efficacité de l’hydroxychloroquine chez les malades atteints par le Covid-19 souffrant de pneumonie moyennement sévère ; les quelques patients qui se sont aggravés ne recevaient pas le traitement.
Des cartes publiées par Santé Publique France montrent un taux de mortalité chez les personnes hospitalisées beaucoup plus faible à Marseille que dans le reste du territoire.
Au vu des données scientifiques internationales ainsi que des expériences de terrain remontant de médecins au contact direct de l’infection et en l’attente de nouvelles données scientifiquement contrôlées, les autorités italiennes, puis américaines ont pris, dans ce domaine, des décisions thérapeutiques hardies.
Le 17 mars 2020, l’agence de médicament italienne considérant l’urgence sanitaire a autorisé la prescription de l’hydroxychloroquine par tous médecins, y compris les médecins des villes.
Pour éviter tous risques ou dérives, ce médicament doit être délivré en pharmacie hospitalière avec obligation d’assurer une traçabilité des prescriptions et un retour des données médicales.
Le 29 mars, après avis favorable de la FDA (agence américaine du médicament), le ministère de la Santé des Etats-Unis d’Amérique (US Department of HHS) a décidé de mettre de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine à la disposition des pharmacies hospitalières sur l’ensemble du territoire fédéral.
Le gouvernement américain utilisera sa réserve stratégique faite de millions de traitements constitués depuis plusieurs semaines.
Dès maintenant, la FDA autorise tous les médecins hospitaliers américains à prescrire ces deux médicaments, y compris en dehors d’essais thérapeutiques. Elle demande, comme en Italie, que toutes les données médicales des malades traités soient collectées afin de les analyser.
Le Portugal vient de recommander ces traitements pour les cas de Covid-19 avec pneumonie.
La tolérance de ces médicaments prescrits à des millions d’individus depuis des décennies est bonne, à condition expresse de respecter le dosage et les contre-indications, de vérifier la compatibilité avec d’autres médicaments pris simultanément, de contrôler le taux de potassium dans le sang et de réaliser préalablement un électrocardiogramme, surtout en cas de prescription associée d’azithromycine.
Il faut éviter à tout prix l’automédication.
En attente de nouvelles données scientifiquement contrôlées, dans la situation aiguë que nous connaissons, de plus en plus de médecins pensent que cette stratégie s’impose, conforme à leur serment d’Hippocrate, de traiter leurs malades en leur âme et conscience.
Or le décret en vigueur en France n° 2020/337 du 26 mars 2020 ne permet l’utilisation de l’hydroxychloroquine qu’après décision collégiale, dans le respect des recommandations du Haut-Conseil de la santé publique et, en particulier de l’indication pour les patients atteints de pneumonie oxygéno-requérante ou d’une défaillance d’organe.
A ce stade trop tardif de la maladie, ce traitement risque d’être inefficace. Si l’efficacité de l’hydroxychloroquine se confirme, il faudra rapidement ouvrir le protocole aux médecins libéraux pour éviter la saturation des hôpitaux.
Nous demandons donc au Premier ministre et à son ministre de la Santé de modifier d’urgence ce décret et de mettre à disposition immédiate dans toutes les pharmacies hospitalières de l’hydroxychloroquine ou, à défaut, de la chloroquine pour que chaque médecin hospitalier puisse en prescrire à tous les malades atteints de forme symptomatiques de l’affection à Covid-19, particulièrement à ceux atteints de troubles pulmonaires si leur état le requiert.
Nous appelons l’Etat à effectuer des réserves ou des commandes d’hydroxychloroquine afin que, si l’efficacité se confirmait dans les prochains jours, nous ne soyons pas en manque de traitement. »
Les signataires : Pr. Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la Santé, Professeur de santé publique et d’épidémiologie; Pr. Christian Perronne, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches; Dr. Michèle Barzach, ancienne ministre de la Santé; Pr. Isabelle Bourgault Villada, professeur de dermatologie à l’hôpital Ambroise-Paré; Pr. François Bricaire, ancien chef du service de maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, membre de l’Académie de médecine; Pr. Marc Gentilini, professeur de parasitologie, de santé publique et de clinique des maladies infectieuses, membre de l’Académie de médecine; Pr. Olivier Goulet, professeur de pédiatrie de l’hôpital Necker; Pr. Jacques Marescaux, président fondateur de l’IRCAD, Membre de l’Académie de Médecine; Pr. Catherine Neuwirth, professeur de microbiologie au CHU de Dijon; Dr. Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France; Pr Paul Trouillas, professeur de neurologie au CHU de Lyon; Dr. Martine Wonner, psychiatre, députée LREM du Bas-Rhin.
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