Chine, Turquie, Arabie Saoudite, Égypte : des prisons pour la presse

Selon le Comité de Protection des Journalistes, qui réunit des journalistes et éditeurs de toute la presse Américaine, du Wall Street Journalau Washington Post, 250 journalistes sont emprisonnés dans le monde. Le même comité en recensait 255 l’an passé. Ils étaient 276 en 2016 lorsque le CPJ a décidé d’établir un rapport annuel.

La Chine est le pays qui compte le plus de journalistes en prison : 48, selon l’AFP. Le nombre de journalistes prisonniers en Chine augmente curieusement, tant les medias sont contrôlés qu’il semble difficile de publier quoi que ce soit d’irrévérencieux. Mais une journaliste a réussi à être emprisonnée pour des poèmes, tandis que la répression au Xinjiang (un million d’internés) a naturellement conduit à l’enfermement d’une dizaine de journalistes locaux. Les événements de Hong Kong ont déjà provoqué une première arrestation en Chine continentale : Une jeune pigiste est accusée d’avoir « provoqué des querelles et des troubles » en écrivant sur son blog.

La Turquie, deuxième geôle au monde pour la presse, a pourtant libéré quelques journalistes. Il en resterait 47 en prison, selon Reuters. Il y en avait 68 l’an passé. Beaucoup d’organes de presse indépendants en Turquie (une centaine) ont été fermés, les inculpations pour « propagande au profit d’une organisation terroriste » sont devenues les motifs préférés des procureurs. Des dizaines de milliers de personnes sont aussi en prison pour des raisons politiques.

Troisième geôlier de journalistes au monde, l’Arabie saoudite compte, selon l’Associated Press, 26 journalistes en prison. Dans 18 cas, il n’y a pas de chef d’accusation, ce qui simplifie certainement la procédure. Ainsi des journalistes ont pu être jugés et condamnés … en secret. Pour mémoire, le chroniqueur Jaime Khashoggi a été assassiné au Consulat d’Arabie saoudite en Turquie, sur instruction, selon le Rapporteur des Nations Unies, du Prince Salman.

26 journalistes seraient également en prison en Egypte. Comme l’an passé. Certains ont été libérés, placés sous surveillance, de nouveaux ont été arrêtés, notamment avant une manifestation qui protestait contre la corruption de l’armée.

11 journalistes -seulement- ont été emprisonnés en Iran. Un reporter a été arrêté pour un tweet, moquant une coupure d’internet, qui disait : « Bonjour, monde libre ».

Trois journalistes ont été arrêtés en Algérie, et cinq sites d’information indépendants en ligne ont été fermés. 39 journalistes sont emprisonnés en Afrique sub-saharienne, la plupart en Erythrée. Pour le Comité, la liberté d’expression régresse dangereusement en Ethiopie et au Nigeria.

12 journalistes sont en prison au Vietnam, trois dans l’ensemble des Amériques. La Russie a maintenu sept journalistes en prison, dont quatre en Crimée.

Généralement, les journalistes sont accusés de subversion ou d’atteinte à l’Etat ou à la Nation. Un nouveau chef d’accusation est apparu, qui semble à la mode en raison des « fake news », celui de diffusion de « fausses informations ». 30 journalistes ont été incarcérés pour ce motif, notamment en Egypte. La Russie et Singapour ont adopté des lois pour criminaliser la publication de fausses informations. Seuls les dirigeants ont le droit de mentir, relevait déjà Platon.

A noter que 98% des journalistes emprisonnés sont des reporters locaux. Plus de la moitié des journalistes emprisonnés sont des reporters publiant en ligne. On comprend que le contrôle d’Internet, en Chine, en Russie ou en Iran, derrière des discours de souveraineté, est d’une importance capitale pour le pouvoir.

On est frappé de voir la légèreté des accusations, la crainte et la haine qui se révèlent avec les coups et les tortures lors des arrestations et des procès. Les régimes policiers, qui contrôlent totalement la presse, ont encore besoin de sévir, même si certains régimes sont si bien installés qu’ils n’ont plus besoin de surveiller les journalistes.

Les arrestations de journalistes ne sont qu’un des éléments de contrôle de la population. Il n’existe pas de pays où les journalistes sont en prison sans que des milliers d’autres personnes y soient aussi enfermés pour des raisons politiques.

Cette comptabilité ne fait pas état des journalistes assassinés, elle relève seulement l’attitude « officielle », assumée des dirigeants.

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