CFE : bilan 2022 et perspectives 2023

CFE : bilan 2022 et perspectives 2023

La Caisse des Français de l’étranger (CFE) vient de publier son bilan 2022 et ses ambitions pour cette année. L’occasion pour nous de faire le point sur les rumeurs qui circulent depuis la publication d’un article peu flatteur sur un site connu pour ses orientations politiques et de revenir en détail sur le statut et le fonctionnement de la « sécu des expatriés ».

La CFE : une caisse de sécurité sociale comme les autres ?

La Caisse des Français de l’étranger est une société de droit privé à capitaux publics avec une délégation de service public. Si pour les profanes ce statut peut paraître obscure, il a pourtant des conséquences concrètes.

En effet, comme indiqué dans la communication envoyée à tous les affiliés à la CFE, celle-ci est une « caisse de Sécurité sociale à adhésion volontaire » et donc la « CFE a un budget autonome qu’elle doit équilibrer au moyen de ses seules ressources« .

Seule exception, la catégorie aidée, qui contraint par la loi la CFE à proposer une couverture sociale à nos compatriotes hors de France ayant de faible revenus et qui donc logiquement est dotée d’une subvention de l’État mais celle-ci ne couvre que partiellement le financement de cette catégorie « sociale ».

Ainsi, on le comprend, la majorité de l’activité de la CFE, soit la couverture sociale choisie par l’assuré(e) mais aussi ses propres coûts de fonctionnement, sont uniquement financés par les cotisations. L’outil qu’est la CFE est donc avant tout une question de solidarité entre Français de l’étranger qui doivent s’ils le peuvent y adhérer le plus tôt possible afin de garantir une répartition équilibrée des charges actuelles et à venir. Devenir adhérent à plus de 70 ans, c’est donc déséquilibrer la solidarité entre les Français de l’étranger, ainsi afin de garantir la pérennité du dispositif, la CFE vous invite à adhérer à ses offres le plus en amont possible. L’avenir et la qualité des services de la CFE sont entre les mains des 3 millions d’expatriés.

Caisse des Français de l'étranger

Un bilan solide et certifié par un expert indépendant

Du côté des finances, si certains « Cassandre » annonçaient déjà le fermeture de la vénérable institution suite à l’annonce d’une dépréciation comptable de certains actifs, le bilan dresse un tout autre portrait.

Pour autant, il ne dissimule pas les difficultés. En effet, la transparence est de mise désormais, sous l’impulsion de la nouvelle présidente Isabelle Frej et de la direction générale. Ainsi, comme indiqué dans la communication de la CFE, « le commissaire aux comptes a levé la réserve qu’il portait sur la certification des comptes de la Caisse depuis 5 ans, constatant le renforcement du dispositif de maîtrise des risques et de contrôle interne de notre organisme« .

A la lecture du rapport d’activité, on identifie rapidement le défi en termes de cash flow auquel la CFE est confrontée : l’inflation du prix des soins ! Ainsi, « en 2022, la Caisse a ainsi versé 6M€ de remboursements maladie de plus qu’elle n’a appelé de cotisations maladie« . Mais lorsqu’on globalise toutes les branches (santé, vieillesse, etc.), l’équilibre financier est maintenu sur le fil avec 151,6M€ de cotisations pour 150,2M€ de prestations. Mais le delta de 1,4 million d’euros n’est pas suffisant pour permettre à la Caisse des Français de l’étranger de payer ses frais de fonctionnement et procéder aux investissements nécessaires.

Adapter les tarifs

Si la CFE n’est pas en danger, nous le verrons plus bas, celle-ci doit adapter sa tarification des produits qu’elle commercialise aux dépenses qui y sont liées. Ainsi la direction a annoncé dans sa communication, la suppression du bénéfice du « bonus fidélité » mis en place de 2019 à 2022, à effet au 01/01/2024 (concrètement, le bénéfice de cette ristourne de cotisation sera supprimé pour les contrats qui en bénéficient actuellement). Mais aussi elle a dû se résoudre à augmenter le tarif de FrancExpatSanté de 10% à effet au 01/10/23, au regard du déséquilibre important constaté sur ce produit.

Un nouveau zonage des remboursements

Si la CFE peut jouer sur les tarifs, elle peut aussi adapter les remboursements aux coûts des soins dans les différents pays. Ainsi, la Caisse des Français de l’étranger a divisé le monde en 5 zones. Suite à une étude sur l’évolution des coûts de santé par pays sur les dernières années menée pour le compte de la CFE par un organisme indépendant, cette dernière a décidé de modifier la zone de 14 pays à partir du 01/01/2024.

Des réserves qui produisent un revenu conséquent

Mais pour faire face à ses besoins, la CFE peut, aussi, compter sur son « bas de laine ». En effet, même s’il y a eu des dépréciations de certains investissements (une obligation comptable liée à la volatilité des marchés en cette période trouble sur le plan international et marquée par l’inflation mondiale), les placements réalisés -précisons qu’ils sont encadrés par arrêté ministériel et après en avoir informé les ministères de tutelle, ont rapporté 8 200 000 euros à la CFE. Une manne financière qui permet à l’organisme d’assurer avec sérénité ses engagements tout en programmant de nouveaux investissements.

En tout, la CFE dispose de plus de 174 millions d’euros de réserve, ce qui lui permet de regarder l’avenir sereinement.

2023 : à l’écoute des affiliés

Si sur le plan budgétaire, la CFE passe l’année sans trop de difficultés malgré les alertes, un autre chantier l’attend : la satisfaction de ses clients. Il suffit de parcourir le Net pour voir que certains reprochent une trop grande distance de la CFE avec ses assurés, des ralentissements dans les traitements et une faible disponibilité.

Pourtant, la Caisse des Français de l’étranger ne lésine pas sur les moyens pour répondre aux attentes de ses clients. Ainsi dans le rapport d’activité, on peut lire qu' »afin d’accompagner au mieux nos assurés dans la préparation de leur expatriation ou pendant leur expatriation, nos équipes assurent des délais de traitement aux mails inférieurs à 48h et un taux de décroché moyen de près de 75 % sur 2022« .

CAP 2025

Déployé depuis 2022, le plan « Cap 2025 » a pour ambitions, entre autres, d’améliorer les services offerts, optimiser la performance de gestion et développer l’audience de la CFE dans le monde.

Parmi les autres objectifs, Eric Pavy, le directeur général, veut renouer le lien avec les entreprises. En effet, premières pourvoyeuses de contrats il y a encore une décennie, les mutations de l’expatriation ont entraîné une baisse de ce type de contrats. A la rentrée, la CFE va d’ailleurs organiser un événement pour leur présenter sa nouvelle gamme de produits et la large palette de prestations qu’elle propose.

La Caisse des Français de l’étranger, ce bien commun aux expatriés, poursuit donc sa mutation pour s’adapter aux nouveaux impératifs de l’expatriation, dans la sérénité et la confiance. Mais pour réussir chacune des étapes de son plan, elle a besoin du soutien de tous les acteurs de la communauté des Français de l’étranger, de l’élu national ou local aux citoyens.

Télécharger le rapport d’activité 2022

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