Une Foresti (d)étonnante
On attendait de pied ferme la prestation de Florence Foresti en tant que maîtresse de cérémonie des César 2020. Et en pleine polémique autour de Roman Polanski, l’humoriste a surpris tout le monde ce vendredi 28 février en multipliant les allusions au réalisateur accusé d’agressions sexuelles.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir les premières références de Florence Foresti à l’affaire. Dans une vidéo introductive mettant en scène ses répétitions de discours avant le grand jour dans un personnage de “Joker”, elle n’y va pas de main morte.
“Bonsoir, bienvenue à la cérémonie des taulards!… Euh des César. Il parait qu’il y a des gros prédateurs… Euh producteurs dans la salle. Ça tombe bien, je suis bien équipée… pour signer les gros contrats ! Pour le photocall vous ferez attention à poser de face mais aussi de profil, ça peut toujours servir.”
L’ombre Polanski
Une séquence humoristique qui donne le ton de la soirée. Quelques instants plus tard sur scène, Florence Foresti poursuit avec des allusions aux scandales d’agressions sexuelles dans le cinéma et notamment l’affaire Weinstein, reconnu coupable d’agression sexuelle et de viol le 24 février dernier.
Et pour éviter tout malaise au sujet du film “J’Accuse”, elle a très vite crevé l’abcès, détendant l’atmosphère dans les estrades de la salle Pleyel.
“De toute façon pour qu’on soit totalement tranquille, il faut le dire, il faut qu’on règle un dossier sinon on va avoir un souci pendant la cérémonie. Il y a douze moments où on va avoir un souci. Il faut qu’on règle le problème sinon ça va nous pourrir la soirée. Qu’est-ce qu’on fait avec Roro? Qu’est ce qu’on fait avec Popol? Ne faites pas comme lui, ne faites pas les innocents vous savez très bien de qui je parle. Qu’est-ce qu’on fait avec Atchoum?
43 ans après les faits je ne vais pas régler les problèmes comme ça. À l’époque j’ai trois ans (…) lui il est au Hollywood en train d’essayer de faire rentrer… dans les… sauf qu’il y arrive et je devrais devenir juge d’application des peines du cinéma? Je suis désolée, je ne suis pas la Greta Thunberg du cinéma français. How dare you?”
“J’ai décidé qu’Atchoum n’était pas assez grand pour faire de l’ombre au cinéma français et au reste de la sélection”
La cérémonie trois heures de la cérémonie fût cependant terne et interminable, enchainant les malaises pour atteindre son comble lorsque les réalisatrices Claire Denis et Emmanuelle Bercot doivent annoncer que le César du meilleur réalisateur revient à Roman Polanski pour son film « J’accuse ». Immédiatement, ses principales opposantes, l’actrice Adèle Haenel et la réalisatrice Céline Sciamma quittent la salle, outrées, suivies par d’autres invités.
Au total, « J’accuse » récolte 3 César avec celui des meilleurs costumes, et celui de la meilleure adaptation pour Polanski et le romancier Robert Harris. Des trophées annoncés du bout des lèvres par des remettants embarrassés.
Les Misérables le grand gagnant
Meilleur Film, Meilleur Espoir masculin, Meilleur Montage et César du Public… Les Misérables de Ladj Ly s’impose comme le grand gagnant à l’issue d’une cérémonie également marquée par le triomphe silencieux (à l’exception notable des sièges claqués à l’annonce du César du Meilleur Réalisateur) de Roman Polanski, récompensé par deux fois à titre personnel (il partage le César de la Meilleure Adaptation avec Robert Harris).
Cette 45ème édition voit aussi la consécration de Nicolas Bedos comme réalisateur. Son film, La Belle époque, repart de la salle Playel (qui accueillait pour la 4ème année les César) avec 3 Prix, dont le César de la Meilleure Actrice décernée à Fanny Ardant (le 2ème de sa carrière).
De ce palmarès émerge la pépite Papicha qui, repérée au Festival de Cannes 2019, n’a fait que monter en puissance pour finir par décrocher 2 César majeurs (Meilleur Premier Film, Meilleur Espoir féminin pour Lyna Khoudri).
Le palmarès complet :
Meilleur film :
«Les Misérables» de Ladj Ly reçoit le César du meilleur film
Meilleure réalisation :
Roman Polanski pour «J’accuse»
Meilleur acteur :
Roschdy Zem pour son rôle dans «Roubaix, une lumière»
Meilleure actrice :
Anaïs Demoustier pour son rôle dans dans «Alice et le maire»
Meilleur second rôle féminin :
Fanny Ardant pour le rôle de Marianne dans « La Belle Epoque »
Meilleur espoir féminin :
Lyna Khoudri pour le rôle de Nedjma ’Papicha’ dans « Papicha »
Meilleur espoir masculin :
Alexis Manenti pour le rôle de Chris dans « Les Misérables »
Meilleur scénario original :
Nicolas Bedos pour « La Belle Epoque »
Meilleur film étranger :
« Parasite » de Bong Joon-ho (Corée du Sud)
Meilleure adaptation :
Roman Polanski et Robert Harris pour « J’accuse », d’après le roman « D. » de Robert Harris
Meilleur premier film :
« Papicha » de Mounia Meddour
César du public :
« Les Misérables » de Ladj Ly
Meilleur court-métrage :
« Pile Poil » de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller
Meilleur court métrage d’animation :
« La nuit des sacs plastiques » de Gabriel Harel
Meilleurs décors
Stéphane Rozenbaum pour « La Belle Epoque »
Meilleurs costumes :
Pascaline Chavanne pour « J’accuse »
Meilleur montage :
Flora Volpelière pour « Les Misérables »
Meilleur son :
Nicolas Cantin, Thomas Desjonquères, Raphaëll Mouterde, Olivier Goinard, Randy Thom pour « Le Chant du loup »
Meilleure photographie :
Claire Mathon pour « Portrait de la jeune fille en feu »
Cela suffira-t-il à éteindre les polémiques engendrées par le Palmarès 2020 ?
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