Ces quatre ministres français qui vont peser à Bruxelles

Ces quatre ministres français qui vont peser à Bruxelles

Après 67 jours d’attente, la France dispose enfin d’un gouvernement, et les dossiers en souffrance ne manquent pas, dont les répercussions à Bruxelles sont nombreuses. Tour d’horizon des ministres qui devraient compter à Bruxelles.

La voix de Paris semble plus que jamais marginalisée au niveau européen, après l’interminable crise politique qui a tout l’été agité l’Hexagone, mais plusieurs ministres devraient faire parler d’eux à Bruxelles.

Du moins si le gouvernement tient assez longtemps pour pouvoir traiter les (nombreux) dossiers en souffrance.

Agnès Pannier-Runacher — Ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des Risques

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@TERESA SUAREZ / Getty images

Agnès Pannier-Runacher est bien connue des spécialistes de l’énergie au niveau européen, et elle est considérée comme l’une des partisanes les plus déterminées du nucléaire à Bruxelles.

Ministre de la Transition énergétique entre 2022 et le début de l’année 2024, elle a supervisé la création de l’« Alliance du nucléaire » en Europe, qui rassemble les États membres favorables au nucléaire, et a joué un rôle central dans les négociations sur la réforme du marché européen de l’électricité.

Après un bref passage comme ministre déléguée de l’Agriculture en 2024, Agnès Pannier-Runacher revient aujourd’hui avec un portefeuille élargi, qui regroupe le climat et l’énergie, alors que cette dernière compétence relevait – brièvement, ces neuf derniers mois – du ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.

Un changement qui est loin d’être anodin et qui confirme que la France entend une fois de plus affirmer que la transition énergétique est impossible sans le nucléaire.

La nouvelle ministre en charge aura une mission délicate à Bruxelles : convaincre Teresa Ribera, vice-présidente exécutive de la Commission européenne, et le commissaire Dan Jørgensen — tous deux sceptiques à l’égard de l’énergie nucléaire et chargés respectivement de la transition verte et de l’énergie — qu’investir dans l’atome doit rester une priorité européenne.

Bruno Retailleau — Ministre de l’Intérieur

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@CHRISTOPHE PETIT TESSON/MEPA-EFE

Pour tenter de durer et de retarder une motion de censure, le Premier ministre Michel Barnier a choisi de donner quelques gages à l’extrême droite, le premier d’entre eux étant la nomination Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur.

Sénateur des Républicains (LR), ce dernier s’est fait connaître pour des positions très fermes sur les questions migratoires, finalement pas très éloignées de celles du Rassemblement national (RN).

Bruno Retailleau a récemment reproché aux immigrés de deuxième et de troisième générations de « régresser » vers leurs « origines ethniques » et semble disposé — tout comme Michel Barnier — à enfreindre le droit communautaire si cela implique l’adoption de règles plus strictes en matière de lutte contre l’immigration.

Le nouveau ministre de l’Intérieur supervisera la mise en œuvre du pacte européen sur la migration et l’asile récemment adopté — mais on peut s’attendre à ce qu’il fasse pression pour adopter certaines règles encore plus strictes.

« Nous devons rouvrir le dossier […] Le pacte ne prévoit pas tous les moyens nécessaires pour protéger l’UE de l’immigration illégale, en particulier en ce qui concerne la politique de retour et les investissements pour les États membres de première ligne », déclarait la semaine dernière à des journalistes un eurodéputé du Parti populaire européen (PPE) proche de Bruno Retailleau.

Benjamin Haddad — Ministre délégué chargé de l’Europe

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@TERESA SUAREZ/EPA-EFE

Vous avez dit procédure de déficit excessif ?

Si Benjamin Haddad n’est pas l’homme chargé du redressement des comptes publics français, sa tâche n’en est pas moins délicate : il sera chargé de négocier avec les institutions européennes pendant que l’Hexagone tente de se remettre financièrement sur les rails.

Fait notable, il rendra compte à la fois au ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, et au Premier ministre. Deux fois commissaire européen et principal négociateur du Brexit, Michel Barnier souhaite manifestement garder un œil sur l’Europe, domaine pourtant réservé, comme le veut la coutume, au Président de la République.

Benjamin Haddad sera chargé des affaires institutionnelles et fournira un soutien interministériel afin que l’ensemble du gouvernement s’exprime d’une seule et même voix au sein de la bulle européenne, alors que l’influence de Paris à Bruxelles est plus que jamais remise en question.

Ancien expert des relations entre l’UE et les États-Unis à l’Atlantic Council à Paris et à l’Hudson Institute à Washington DC, âgé de 38 ans, Benjamin Haddad a été élu à l’Assemblée nationale en 2022, puis en 2024, dans le très bourgeois XVIe arrondissement de Paris.

Proche du président Emmanuel Macron, il a déclaré lors d’un discours lundi 23 septembre qu’il allait rendre la voix de la France à Bruxelles « plus ambitieuse et plus offensive ».

Antoine Armand — Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie

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@YOAN VALAT/EPA-EFE

Antoine Armand sera à la France ce que Stéphane Séjourné est appelé à devenir à la Commission européenne : un ardent défenseur de la compétitivité, de la prospérité et de l’industrie verte.

À 33 ans, il est le plus jeune ministre de l’Économie de la Ve République et reprendra les engagements de Bruno Le Maire en matière de simplification réglementaire, d’augmentation des salaires et de « souveraineté industrielle, technologique et numérique », a-t-il annoncé dimanche 22 septembre.

Antoine Armand ne sera pas directement impliqué dans les négociations budgétaires — celles-ci seront gérées par un autre ministre, Laurent Saint-Martin, qui rendra compte directement à Michel Barnier — mais son rôle consistera à promouvoir une plus grande « autonomie stratégique » dans tous les secteurs économiques.

Il supervisera également la mise en œuvre du Pacte de stabilité et de croissance réformé et du Règlement pour une industrie « zéro net », deux textes législatifs phares adoptés récemment.

Il sera également chargé de mettre la main à la pâte sur une série de nouvelles propositions législatives que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a demandé à Stéphane Séjourné de piloter : un futur pacte européen sur l’industrie propre et une loi sur l’accélération de la décarbonation industrielle.

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