Ce dimanche 30 juin, les Français du Benelux étaient appelés aux urnes pour participer au premier tour des élections législatives afin de désigner leur prochain député. Une participation inédite du corps électoral a placé la candidate NFP – PS Cécilia Gondard en tête devant le sortant Renaissance – Ensemble Pieyre-Alexandre Anglade.
Pour ce scrutin, 9 candidats étaient en lice. Les électeurs qui se sont fortement mobilisés avec 47,64% de participation (contre 29,06% en 2022) ont placé la socialiste investie Nouveau Front Populaire Cécilia Gondard en tête avec 37,45% des voix devant le député Renaissance-Ensemble sortant Pieyre-Alexandre Anglade qui recueille 35,46% des suffrages. Les deux candidats étant séparés par 1488 voix.
Le Rassemblement national représenté par Charlotte Beaufils arrive en troisième position avec 9,04% alors que Geneviève Machicote pour Les Républicains collecte 6,18% des voix.
La prime au terrain
Des résultats qui n’étonnent pas vraiment les électeurs de la circonscription à l’image de Justine, consultante en affaires publiques à Bruxelles : « C’est le reflet de l’ambiance générale et le refus de la politique macroniste. Pieyre-Alexandre Anglade incarne cette Macronie à l’état pur. Il a été absent du terrain et les deux dernières semaines de campagne n’ont pas suffi à inverser la tendance. Et je ne suis pas sûre qu’il puisse faire plus que ce qu’il a déjà fait pour le second tour. »
Une lecture de la situation partagée par Bruno Jean-Etienne, président de l’association Français de Belgique – ADFE : « Il y a clairement eu une prime à la présence sur le terrain et une déception face aux promesses non tenues. Les Français de l’étranger ne sont pas une variable d’ajustement. Ils rencontrent des problèmes sociaux, fiscaux, il y a un besoin de service public, de service consulaire. Or rien n’a été fait alors qu’il aurait facile d’agir pour le député sortant. »
Pieyre-Alexandre Anglade s’en défend : « J’ai conduit mon mandat de la manière la plus sérieuse, sincère et honnête possible. Ce n’est peut-être pas parfait mais j’ai toujours répondu présent pour mes concitoyens que ce soit sur le terrain, en circonscription ou à l’Assemblée nationale. Les électeurs ont d’ailleurs choisi de me faire confiance une nouvelle fois, me permettant d’accéder au deuxième tour. Je les en remercie et j’en suis très heureux. »
Un Rassemblement national maîtrisé
Si la quatrième circonscription est encore dans l’opposition « classique » Renaissance-Gauche, le Rassemblement national n’est pas pour autant absent de l’équation. Bruno Jean-Etienne reprend : « Il n’y a pas de véritable menace RN au Benelux mais je constate une petite percée. Les circonscriptions de l’étranger sont encore des « bulles » et pour cette campagne, le débat sur les binationaux, très nombreux dans ces circonscriptions, a beaucoup choqué. S’agissant des résultats nationaux, je retiens cet élan de la jeunesse qui a peur du lendemain et d’une majorité RN qui se profile. »
Pour autant, l’appel à faire barrage au Rassemblement national semble perdu d’avance pour Justine : « C’est une vision pessimiste mais je pense que c’est désormais impossible. Le taux de participation est énorme, les Français se sont mobilisés pour faire entendre leur voix, leur colère et leur déception par rapport à Emmanuel Macron. » La jeune femme relativise : « La Constitution est faite de telle manière que les extrêmes ne pourront pas faire ce qu’ils veulent. La majorité ne sera pas absolue sans coalition. Ils devront être dans le consensus et n’oublions pas que le Président de la République conserve un certain nombre de pouvoirs. » Au-delà de la montée des extrêmes, Justine revient sur ce qui pourrait freiner son retour au pays : « À titre personnel, je ne rentre pas dans les critères qui pourraient m’inquiéter si le RN accédait au pouvoir. Je suis plus soucieuse du NFP pour des raisons économiques. Mais ce qui m’inquiète vraiment, c’est la fracture sociale qui s’installe entre les extrêmes, la gauche et la droite. L’impossibilité de discuter entre Français. »
Retour aux urnes
Le second tour opposera donc Cécilia Gondard à Pieyre-Alexandre Anglade. Avant la dissolution de l’Assemblée nationale, M. Anglade était vice-président de la commission des Affaires européennes et membre de la commission de la défense nationale et des forces armées. Il a également été le directeur de campagne de la candidate malheureuse soutenue par la majorité présidentielle aux élections européennes Valérie Hayer. « C’est une nouvelle élection qui s’ouvre et je reste confiant et déterminé. J’appelle d’ailleurs tous les Français qui croient dans le BENELUX, qui croient au progrès, qui ne veulent pas risquer la banqueroute prévue par le NFP à se rassembler derrière ma candidature. »
« Un programme pensé et chiffré », répond Cécilia Gondard. Battue une première fois en était 2022, la socialiste pourrait bénéficier de la dynamique enclenchée lors des élections européennes en faveur des partis de gauche dans la 4ème circonscription des Français de l’étranger. « Effectivement, la dynamique est derrière nous mais rien n’est gagné d’avance. La belle participation, la plus forte de toutes les circonscriptions FdE pour le vote Internet, est une bonne nouvelle pour la démocratie et la mobilisation doit perdurer. D’autant plus que les abstentionnistes qui sont retournés aux urnes ont voté principalement pour le NFP me permettant d’arriver en tête dans quasiment tous les bureaux de vote. »
La candidate qui note les résultats contenus du RN dans sa circonscription n’en oublie pas l’enjeu national : « Quel équilibre des pouvoirs allons-nous avoir à l’Assemblée nationale ? Actuellement, le plus gros bloc est constitué par le RN et ses alliés. Toutes les voix qui partiraient vers Renaissance sont des voix perdues. Les seules qui sont en mesure de faire barrage et former un gouvernement sont les élus du NFP. Il est essentiel de faire monter le bloc de gauche et au sein de ce bloc, le centre gauche, pour avoir un bon équilibre. »
Un équilibre qui ne pourra être atteint qu’avec une personnalité consensuelle au sein de cette nouvelle majorité de gauche. Autrement dit : pas Jean-Luc Mélenchon. « Il y a à la fois un renouvellement générationnel au sein du NFP et de belles personnalités qui émergent. En tant que féministe, je pousserai au maximum pour faire changer les choses et montrer à d’autres jeunes femmes que c’est possible. » Et Cécilia Gondard de citer quelques noms : « Je pense notamment à Najat Vallaud-Belkacem, Marine Tondelier, Valérie Rabault, Clémentine Autain… Il y en a d’autres, issues de toutes les composantes du NFP qui pourraient jouer un rôle décisif dans notre gouvernement. »
Néanmoins Pieyre-Alexandre Anglade n’entend pas laisser le monopole de l’opposition au RN à son adversaire. « Il faut tout faire pour faire obstacle à l’avènement d’une majorité RN. Je suis certain qu’un chemin est possible pour construire un bloc central républicain qui ne se retrouverait pas dans une alliance contre nature avec Jean-Luc Mélenchon. »
Une campagne contre la montre
En attendant leur éventuelle entrée ou retour au Palais Bourbon, Cécilia Gondard et Pieyre-Alexandre Anglade ont repris la route pour la dernière ligne droite de cette campagne express. Cécilia Gondard était à Luxembourg le 1er juillet et sera le mardi 2 à Amsterdam, le mercredi 3 à Bruxelles. La candidate martèlera son message : « Il faut en finir avec une France de la haine, de la violence et du racisme. En ce moment historique, il ne faut pas laisser passer notre chance de choisir l’apaisement et l’espoir. »
Pieyre-Alexandre Anglade donne rendez-vous aux électeurs le mardi 2 à Luxembourg, mercredi 3 à Bruxelles et jeudi 4 à La Haye. « Il faut se mobiliser car rien n’est joué. L’alternative au RN n’est pas le NFP mais bien un bloc républicain. »
Cécilia Gondard et Pieyre-Alexandre Anglade n’ont plus que quelques jours, voire quelques heures pour convaincre leurs derniers soutiens. Les votes se dérouleront en ligne du mercredi 3 juillet, 12h, au jeudi 4 juillet, 18h, heure de Paris. Le vote à l’urne étant prévu le dimanche 7 juillet comme sur le territoire national.
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