Le plan de relance écologique de l’UE prévoit de faire pleuvoir des milliards sur la rénovation des bâtiments, les énergies renouvelables et l’hydrogène, ainsi que sur le ferroviaire et l’économie circulaire, selon un document de travail obtenu par notre partenaire Euractiv.
La Commission européenne s’attèle à élaborer un plan qui doit aider l’économie de l’UE à se remettre de la crise du COVID-19. Soit au total au moins 1000 milliards d’euros consacrés à un vaste programme de relance, qui devrait être présenté la semaine prochaine.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a présenté ce plan au Parlement européen la semaine dernière, en promettant de placer le « Green Deal » au cœur de l’effort de relance de l’UE.
Le plan devrait être publié le 27 mai, et bien qu’il manque encore d’importantes précisions sur le financement, certains aspects du dispositif commencent à émerger. Mardi 19 mai, Euractiv s’est procuré un projet présenté comme « un document de travail », portant sur les aspects écologiques du plan de relance.
Le document obtenu par Euractiv provient d’une source fiable. Mais il ne concerne que les aspects écologiques du plan de relance et n’aborde pas d’autres sujets cruciaux, tels que la santé et les finances.
Il est divisé en plusieurs sections – dont la rénovation des bâtiments, les énergies renouvelables et l’hydrogène, et la mobilité propre – qui sont résumées ci-dessous :
Rénovation des bâtiments
La Commission veut maintenant promouvoir une « rénovation plus rapide et plus profonde » des bâtiments, affirmant qu’il s’agit « d’une nécessité pour [parvenir à] une UE climatiquement neutre et d’une priorité d’investissement claire et où tout le monde est gagnant, en faveur d’une relance verte, numérique et équitable ».
En matière de financement, la Commission prévoit d’instaurer un « mécanisme européen de financement des rénovations », qui disposera, dans un premier temps, de 91 milliards d’euros par an. Associé à d’autres sources de financement, il devrait totaliser 350 milliards d’euros d’investissement par an.
Énergies renouvelables et hydrogène
Bien que les énergies renouvelables se soient révélées plus résistantes que les combustibles fossiles lors de la crise du COVID-19, les chaînes d’approvisionnement ont été profondément affectées. Les marchés de l’énergie solaire et éolienne devraient se contracter de 20 à 33 % cette année, selon la Commission.
Le plan de relance propose de se concentrer en parallèle sur les énergies renouvelables et sur l’hydrogène, indiquant que les deux sont nécessaires pour une décarbonisation en profondeur. « Sans une croissance durable du marché des énergies renouvelables, il n’y a pas d’avenir pour l’hydrogène propre en Europe, alors que la technologie de l’hydrogène durable a un rôle crucial à jouer dans la décarbonisation de l’économie », souligne le document.
En ce qui concerne les énergies renouvelables, les principaux aspects du plan de relance comprennent un système d’appel d’offres de l’UE pour des projets d’électricité renouvelable atteignant 15 GW sur deux ans, avec un investissement total de 25 milliards d’euros, ainsi qu’un soutien aux dispositifs nationaux de 10 milliards d’euros sur deux ans.
Les fonds attribués à l’hydrogène, qui s’élèvent aujourd’hui à 650 millions, vont doubler, et 10 milliards d’euros seront investis dans le développement de cette technologie sur 10 ans. Afin d’augmenter la production d’hydrogène propre, la Commission a également l’intention de prendre un « engagement pour un million de tonnes d’hydrogène propre ». Cela comprendra un « projet pilote de « contrats carbone pour la différence » (CCfD) destinés à soutenir la production d’hydrogène propre ». Ce système est « semblable aux systèmes d’appel d’offres pour l’énergie renouvelable » et « pourrait combler la différence entre le prix de levée du CO2 et le prix réel du CO2 dans le SCEQE » afin de réduire l’écart de coût entre l’hydrogène conventionnel et l’hydrogène décarbonisé.
Mobilité propre
Pour l’industrie automobile, le plan propose un dispositif d’achat de véhicules propres à l’échelle de l’UE, qui réduit les émissions de CO2 et de polluants conformément aux normes européennes. Montant : 20 milliards d’euros au cours des deux prochaines années.
Concernant le secteur ferroviaire, un nouveau train de mesures sera adopté pour un montant d’environ 40 milliards d’euros. Il mettra l’accent sur les principaux corridors où les passagers et le fret peuvent passer au rail. Le plan de relance prévoit également d’octroyer davantage de fonds aux programmes de mobilité urbaine, tels que les infrastructures cyclables. Ces fonds seront attribués dans le cadre des programmes de financement régionaux de l’UE.
Deux autres chapitres sont consacrés à l’économie circulaire et au secteur agricole, et mettent l’accent sur la numérisation.
Les défenseurs de l’environnement inquiets
Alors que la Commission s’attèle à finaliser son plan de relance, certains défenseurs de l’environnement s’inquiètent du fait que le projet semble accorder une attention excessive à l’hydrogène.
« La Commission suggère que le gaz et les énergies renouvelables soient utilisés pour produire des quantités massives d’hydrogène, au lieu de recourir aux énergies renouvelables pour procéder le plus rapidement possible à la suppression des combustibles fossiles », relève Sebastian Mang de Greenpeace.
Selon lui, les fonds européens seraient plus judicieusement dépensés en faveur de « solutions dont il est prouvé qu’elles réduisent les émissions, comme la décentralisation des énergies renouvelables, la réduction de la consommation de viande et de produits laitiers, et le recours accru aux transports publics et aux pistes cyclables ».
Les défenseurs de l’environnement s’inquiètent également du fait que le document n’accorde pas suffisamment de place à mobilité propre en mettant excessivement l’accent sur l’industrie automobile. « Le financement public de l’industrie automobile ou des compagnies aériennes doit être conditionné à la suppression progressive des ventes de voitures diesel et essence d’ici à 2028, à la limitation stricte des vols à courte distance, au maintien en poste des travailleurs et à la réduction drastique des émissions », déclare Lorelei Limousin, conseillère en matière de transports à Greenpeace.
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