Deux ans après l’attaque terroriste du Hamas contre Israël, Caroline Yadan, députée de la huitième circonscription des Français établis hors de France, qui comprend notamment Israël, revient sur le traumatisme du 7 octobre, les défis politiques et les espoirs de paix. Elle livre un témoignage fort, entre mémoire et vigilance.
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Une commémoration du 7 octobre, lourde de sens
Caroline Yadan a participé à plusieurs cérémonies de commémoration à Paris, notamment place des Vosges et devant l’Assemblée nationale. Pour elle, l’émotion reste vive : « Une ambiance évidemment assez lourde, une ambiance très chargée de peine », confie-t-elle. Ce souvenir reste profondément ancré : « On n’a pas oublié ce qui s’est passé il y a deux ans, le pire pogrom antisémite depuis la Shoah ». Un drame que la députée refuse de banaliser, rappelant les atrocités commises : « Les personnes qui ont été brûlées vives, massacrées ».
« Les négociations qui sont actuellement menées en Égypte montrent
une vraie résistance idéologique du Hamas »
Caroline Yadan,
députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France
Elle souligne l’importance du souvenir mais aussi de la résistance : « C’est un combat aussi pour notre civilisation et notre humanité », tout en exprimant « notre espoir pour tous les otages et leur libération ».
Le dialogue universitaire en péril ?
Dans ce contexte tendu, une délégation d’universitaires français va se rendre en Israël pour affirmer la solidarité de la communauté scientifique. Un geste fort face aux appels au boycott académique côté israélien, que Caroline Yadan dénonce avec fermeté : « Ce qui est absolument scandaleux, surtout quand on sait que le monde universitaire israélien est plutôt très à gauche ».
Elle insiste également en indiquant que « ce sont des fervents partisans de la paix », et souligne que « s’en prendre à des chercheurs comme on s’en prend à des sportifs, uniquement pour ce qu’ils sont, c’est absolument insupportable ». La députée défend ainsi un message clair : « Le dialogue académique reste une voie privilégiée pour maintenir le lien entre sociétés civiles, malgré les conflits ». Elle voit dans cette coopération une base essentielle pour « instaurer les conditions de dialogue entre les peuples ».
Israël : une lueur d’espoir dans un contexte incertain
Alors que les discussions se poursuivent autour d’un plan de paix soutenu par les États-Unis, qui pourrait inclure la libération des otages et une sortie du Hamas de Gaza, Caroline Yadan reste prudente : « Je veux garder espoir ». Elle détaille les enjeux du plan : « La démilitarisation du Hamas et surtout la suite, l’après-Gaza, avec un accord de l’ensemble des pays arabes ».
« Il y a une volonté commune,quelles que soient les tendances politiques,
que le 7 octobre n’arrive plus jamais »
Caroline Yadan,
députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France
Mais les obstacles demeurent. « Je ne serai pas aussi affirmative », reconnaît-elle, quant à une réelle volonté du Hamas d’abandonner Gaza. « Les négociations qui sont actuellement menées en Égypte montrent une vraie résistance idéologique du Hamas », ajoute-t-elle.
Quant aux causes de cette ouverture, la députée évoque une conjonction d’éléments sans vouloir trancher : « L’histoire peut-être nous dira comment on y est arrivé, si on y arrive, ce que moi j’espère ».
Les Français d’Israël entre vigilance et douleur
Interrogée sur le ressenti de nos compatriotes en Israël, Caroline Yadan parle d’une communauté profondément marquée : « Ce sont des citoyens qui reçoivent encore des alertes, il faut le savoir, tous les jours ». Les menaces sont permanentes : « Des roquettes sont tirées par les Houthis. Tous les jours, des enfants, des femmes, des vieillards vont dans les abris ».
Mais au-delà de la peur, c’est surtout la plaie du 7 octobre qui reste béante. « Le plus jamais ça s’est transformé en… bah en fait oui, il y a des barbares qui viennent sur le territoire israélien pour tuer du juif, assassiner des juifs et violer les femmes », déclare-t-elle avec gravité. Dans un pays politiquement divisé, elle observe pourtant une union inédite : « Il y a une volonté commune, quelles que soient les tendances politiques, que le 7 octobre n’arrive plus jamais ».
Un message fort aux Français de l’étranger
Dans un monde de plus en plus polarisé, Caroline Yadan rappelle que la solidarité internationale, notamment via les liens académiques ou diplomatiques, est plus cruciale que jamais. Elle appelle à ne pas céder aux pressions idéologiques : « Il faut continuer à défendre les valeurs de paix, de dialogue et de mémoire ». Et conclut avec une conviction simple mais puissante : « Ce qui compte, c’est qu’on puisse demain se dire qu’on y est arrivé ».
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