Boualem Sansal : mobilisation mondiale

Boualem Sansal : mobilisation mondiale

Dans une tribune publiée ce samedi 23 novembre par l’hebdomadaire «Le Point», plusieurs grands écrivains tels qu’Annie Ernaux et Jean-Marie Le Clézio réclament la «libération immédiate» de l’auteur franco-algérien, Boualem Sansal, dont les autorités algériennes ont confirmé l’arrestation. La mobilisation va pourtant bien au-delà du monde culturel. Boualem Sansal, est-il victime d’un règlement de compte entre l’Algérie et la France ?

Sanction pour le Sahara occidental ?

Selon Le Monde, les autorités algériennes pourraient avoir mal pris ses déclarations au média français Frontières, réputé d’extrême droite, qui reprennent la position marocaine selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie. L’agence de presse officielle algérienne APS a reproché vendredi à la France de prendre «la défense d’un négationniste qui remet en cause l’existence, l’indépendance, l’histoire, la souveraineté et les frontières de l’Algérie», qualifiant Boualem Sansal de «pantin utile». Ces événements interviennent dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie, après l’appui de Paris au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental fin juillet.

Mobilisation internationale

Mais au-delà de ces considérations géopolitiques, c’est bien la question des libertés fondamentales qui est en jeu dans cette affaire. Comme le souligne Christian Estrosi, maire de Nice, dans une tribune publiée après l’arrestation de Boualem Sansal, cette « méthode venue d’un autre siècle » doit nous interroger sur « notre propre détermination à lutter contre le fanatisme ».

Pour l’élu, l’écrivain incarne « des vertus rares : la bravoure, la sincérité, le panache, jusqu’à risquer sa vie », ainsi que la « promesse d’un autre avenir » pour l’Algérie, « loin des lourds héritages du fanatisme et de l’intolérance ». Il voit en lui un « pont entre les deux rives de la Méditerranée », qui refuse « de limiter le lien entre l’Algérie et la France aux ressentiments ou à la repentance ».

L’onde de choc provoquée par l’arrestation de Boualem Sansal ne se limite pas à la France. De nombreux intellectuels algériens ont exprimé leur solidarité et leur inquiétude, à l’instar de Yasmina Khadra qui, dans des propos recueillis par l’AFP, dénonce une situation « insupportable ».

Face à cette mobilisation internationale, et alors que le président Emmanuel Macron s’est dit « très préoccupé » par le sort de l’écrivain franco-algérien, les autorités d’Alger ne peuvent rester sourdes aux appels à la libération de Boualem Sansal. Au-delà de son cas personnel, c’est la question de la liberté d’expression et de création qui est posée avec force par cette affaire retentissante.

Dans un monde où les voix discordantes sont trop souvent réduites au silence, où les intellectuels critiques sont menacés et persécutés, il est plus que jamais nécessaire de défendre le droit inaliénable des écrivains et des artistes à s’exprimer librement, sans crainte des représailles. C’est le sens du combat mené par Boualem Sansal tout au long de sa vie, un combat que la communauté internationale se doit de poursuivre avec détermination, pour que triomphent partout les valeurs de tolérance, de dialogue et de respect des droits humains.

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  • L'AFP est, avec l'Associated Press et Reuters, une des trois agences de presse qui se partagent un quasi-monopole de l'information dans le monde. Elles ont en commun, à la différence de son prédécesseur Havas, de ne pas avoir d'actionnaire mais un conseil d'administration composé majoritairement d'éditeurs de presse.

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