Bonne surprise pour la croissance française

Bonne surprise pour la croissance française

Selon l’INSEE, la croissance au troisième trimestre a été supérieure aux prévisions. Le PIB a progressé de 0,5 %, après +0,3 % au deuxième trimestre. Cette hausse est principalement due au commerce extérieur et à l’investissement. Malgré une situation politique chaotique, l’économie française devient la locomotive européenne, drainant la moitié de la croissance de l’Union à elle-seule. Et ceci, même si le moteur de la consommation des ménages reste atone.

Une production en hausse

La production totale de biens et de services enregistre une hausse de 0,8 % au troisième trimestre, contre +0,3 % au trimestre précédent. Cette progression résulte à la fois du redressement de l’industrie manufacturière (+1,1 % après +0,1 %) et du maintien d’une activité soutenue dans les services (+0,7 % comme au deuxième trimestre). Dans l’industrie, la reprise des raffineries a contribué à la hausse (+10,6 % après 10,2 %). La production de matériels de transport ralentit mais reste dynamique (+2,8 % après +4,8 %). En revanche, la production des industries agroalimentaires recule (- 1,3 % après -2,2 %), tandis que celle d’électricité progresse fortement. Du côté des services marchands, l’activité est soutenue dans l’information-communication (+1,6 % après +0,4 %) et dans les services aux entreprises (+1,2 % après +0,7 %). En revanche, elle recule dans l’hébergement-restauration (-0,5 % après +1,8 %) et dans les transports (-0,6 % après +0,3 %). La production reste quasi stable dans la construction (+0,1 % après -0,1 %).

Une consommation des ménages toujours atone

La consommation des ménages progresse légèrement au troisième trimestre (+0,1 % après +0,1 %). Les achats de biens sont stables (0,0 % après +0,1 %). La consommation alimentaire (y compris tabac) recule de 1,0 % après une hausse de 1,5 %, tandis que la consommation d’énergie se redresse (+1,3 % après -2,4 %). La consommation de services ralentit également (+0,2 % après +0,5 %). Les dépenses liées aux loisirs sont en baisse, tout comme celles d’hébergement-restauration (-0,7 % après +2,3 %) et de transports (-0,5 % après +1,5 %). La consommation d’information et de communication, quant à elle, repart à la hausse (+1,1 % après -0,2 %).

Taux de croissance trimestriel du PIB en France en %
Taux de croissance trimestriel du PIB en France en %

L’investissement repart à la hausse

La formation brute de capital fixe (FBCF) enregistre une progression de +0,4 % après une stagnation au deuxième trimestre. L’investissement en produits manufacturés augmente de 0,5 %, après plusieurs trimestres consécutifs de baisse, porté par les biens d’équipement et les matériels de transport. L’investissement en services hors construction est soutenu par la hausse dans l’information-communication (+1,7 % après +0,4 %). En revanche, l’investissement en construction continue de se replier (-0,1 % après -0,2 %), en particulier dans le bâtiment.

Le commerce extérieur, moteur de la croissance

Pour la première fois depuis le début de l’année, le commerce extérieur contribue positivement à la croissance : +0,9 point au troisième trimestre 2025, après -0,4 au deuxième et -0,5 au premier trimestre. Les exportations augmentent de +2,2 % après +0,3 %, portées par les ventes de matériels de transport (+8,9 % après -2,3 %), notamment dans l’aéronautique. Elles progressent aussi dans l’industrie chimique et les produits pharmaceutiques. En revanche, les exportations agroalimentaires reculent de nouveau (-4,9 % après -5,1 %), pénalisées par les tensions commerciales avec la Chine et les États-Unis. Les importations diminuent de 0,4 % après +1,4 %. Les importations de biens reculent (-0,3 % après +2,3 %) en raison d’un net repli dans l’énergie et, dans une moindre mesure, dans les produits alimentaires. Les importations de services baissent également (-0,6 % après -1,1 %).

Mais les variations de stocks pèsent sur la croissance. En effet, la contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est négative ce trimestre (0,6 point après +0,5 point). Ce recul s’explique principalement par le secteur aéronautique, après deux trimestres de forte contribution positive, ainsi que par la chimie et la pharmacie.

Une économie résiliente mais freinée par la prudence des ménages

Avec une croissance de 0,5 % au troisième trimestre, l’objectif annuel de 0,8 % semble à portée. La France fait preuve d’une résilience économique certaine, malgré un environnement marqué par de multiples incertitudes internationales et politiques. L’aéronautique apparaît comme le principal moteur de la croissance grâce aux exportations d’avions. En revanche, la panne de la consommation, liée au maintien d’un fort taux d’épargne, reste un frein pour le PIB.

La dégradation des finances publiques et l’instabilité politique incitent les ménages à la prudence, maintenant ainsi la reprise sous tension.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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