Bonne fête Mère ou bonne fête Maman ?

Bonne fête Mère ou bonne fête Maman ?

La mère, la maman, le maternel, le maternage … Que de signifiants reliés à cet être qui par nature donne la vie, mais qu’est ce qui tient de la position sociale et de la dimension psychique ? 

Enfanter

La mère socialement c’est celle qui enfante, c’est sa fonction dans la nature et la société. C’est elle qui est disposée d’un appareil génital offrant la gestation. Mais enfanter signifie t’il que l’on est une maman ? 

Derrière le signifiant « maman » il y a quelque chose de moins strict, de plus doux dans la pensée commune. La maman c’est l’un des premiers mots qu’évoque l’enfant, c’est l’interjonction par instinct lors de douleurs ou de tristesse ressenties sans que celle-ci soit forcément présente. La maman c’est une posture fantasmée de la femme qui inspire tendresse, beauté et respect. 
Cela sous-tend qu’une maman est aimante et développe pour son enfant tout un tas de sentiments qui viendront le border et l’élever. 

C’est ce que Winnicott, psychanalyste, élabore au travers de sa clinique. Il nous offre la perspective de prendre en compte le corps et la relation précoce mère-enfant de ce qu’est la fonction maternelle. 
L’idée est que toutes les personnes y compris les animaux vont remplir le rôle (plutôt dévoué à la mère) de nourrissage, de portage, de soin, et de protection du self de l’enfant. Ce sont ces mêmes personnes qui vont organiser les premières interactions entre le bébé et son environnement. 

Est évoquée a priori la mère car elle est le mieux placée pour continuer ce qu’elle a fait à l’intérieur du ventre. Mais cette place peut être occupée par tout autre membre de la famille qui viendra faire exister cette « préoccupation maternelle primaire »[1], lien indispensable à la survie physique et psychique de l’enfant. 

Bonne fête maman
Bonne fête maman

Maman en 3D

La mère ne se limite pas à des gestes techniques. Winnicott met en exergue 3 dimensions : 

– Le Holding (correspond au portage du bébé, le fait de le tenir mais aussi la contenance psychique). 
C’est la façon dont la maman tient ou porte son bébé, l’assurance d’une peau contre une autre peau, ce sont les émotions appartenant à la mère qui seront véhiculées et retransmises à l’enfant.    

– Le Handling (correspond aux soins prodigués à l’enfant).
Il permet que l’enfant se constitue « une peau » et découvre les limites de son corps distincts de ceux de la mère.

– L’object presenting (correspond à la façon dont la mère permet à l’enfant de découvrir le monde). 
Cette dimension a par la suite fait valoir l’importance tout aussi égale du rôle du père dans sa fonction de tiers. La fusion/confusion à la mère serait l’impossibilité pour l’enfant de se différencier de l’autre. La fonction du tiers permet à l’enfant de se mouvoir et penser en tant qu’être à part entière. 

Si les 2 premières dimensions existent c’est que les gestes sont imprégnés d’expressivité et d’affectivité et réagissent et se modifient quand le bébé va envoyer des gestes et des affects vers la mère. 
Il est essentiel de ne pas aborder ces gestes techniques de façon robotique sinon on est dans le complexe de « la mère morte »d’André Green, autre grand psychanalyste.
Les gestes techniques doivent être imprégnés et vitalités par l’émotivité, l’affectivité et donc la fonction maternante. 

« On peut aider à mieux faire les mères qui ont en elles la capacité de donner des soins suffisamment bons ; il suffit de s’occuper d’elles d’une manière qui reconnaît la nature essentielle de leur tâche. Pour les mères qui n’ont pas cela en elles, ce n’est pas en les instruisant qu’on les rendra aptes à le faire. »

D.W. Winnicott, La théorie de la relation parents-nourrissons



Karine Miquelis
psychologue clinicienne – psychothérapeute
www.seancedepsy.com

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[1] c’est l’attention que développe la mère envers son enfant dès ses premiers mois de vie. 

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