Depuis dix ans, Expat Communication dévoile chaque fin d’année un Baromètre présentant les résultats de ses enquêtes menées auprès des Français de l’étranger. Ces études offrent un aperçu précieux de la manière dont vivent nos compatriotes hors de France. Motivations, inquiétudes, espoirs, choix de vie : le baromètre dresse un portrait du quotidien de celles et ceux qui ont fait le choix de quitter le territoire national. La cérémonie de restitution de « l’année 2025 vue par les expatriés » s’est tenue au Quai d’Orsay le 1er décembre. Quelles grandes tendances se dégagent de cette édition ?
Baromètre Expat communication : le pouls de la diaspora française à l’étranger
Pour mieux comprendre la vie de nos compatriotes établis hors de France, le baromètre d’Expat Communication s’articule autour de quatre grands thèmes. Le premier est celui de l’éducation : partir à l’étranger avec des enfants implique des choix importants concernant l’établissement scolaire et le coût engendré. Le deuxième axe développé par cette étude concerne la santé et la couverture des soins, un sujet qui peut susciter de nombreuses interrogations selon le pays d’expatriation.
« Ce Baromètre 2025 prend le pouls de notre diaspora dans un monde traversé par des tensions géopolitiques, des mutations profondes des systèmes éducatifs et de fortes disparités d’accès aux soins »
Eléonore Caroit, Ministre déléguée chargée de la Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger
Quant à la troisième enquête, celle-ci s’intéresse à la vie quotidienne de notre diaspora, en intégrant des aspects tels que le logement, la sécurité ou encore la qualité de vie. Enfin, le baromètre apporte des éclairages sur la vie professionnelle des expatriés.
L’ensemble offre ainsi un panorama complet des enjeux auxquels font face les Français établis hors de France. Pour Éléonore Caroit, Ministre déléguée chargée de la Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger, « ce Baromètre 2025 prend le pouls de notre diaspora dans un monde traversé par des tensions géopolitiques, des mutations profondes des systèmes éducatifs et de fortes disparités d’accès aux soins ».
Français de l’étranger : quel moral ?
Mais avant d’entrer sur les thèmes évoqués précédemment, l’une des grandes questions est celle du moral de nos expatriés. Selon le baromètre 2025 d’Expat communication, celui-ci reste globalement solide, avec une moyenne de près de 72/100 sur l’année, signe d’une appréciation plutôt positive de la vie à l’international.

Toutefois de fortes disparités existent selon les profils. Les salariés expatriés, les retraités et les VIE/VIA affichent un moral nettement plus élevé, favorisé par une bonne intégration et un environnement de vie stable. À l’opposé, les conjoints accompagnateurs demeurent les plus vulnérables, souvent confrontés à l’isolement, aux difficultés d’insertion ou au manque de perspectives professionnelles. La composition familiale influence également le ressenti, les familles nombreuses semblant parfois mieux ancrées socialement à l’étranger.
Scolarité des enfants expatriés : quelle adaptation ?
Alors que le réseau AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) des écoles françaises à l’étranger est en pleine réforme, l’enquête révèle que le système scolaire français demeure le choix privilégié des familles expatriées (55 %), devant les écoles internationales (36 %) et, plus marginalement, les systèmes locaux. Ce choix dépend fortement du type d’expatriation : les salariés détachés se tournent davantage vers les structures reliées à la France ou internationales, tandis que les familles expatriées de leur propre initiative optent plus souvent pour les écoles locales.

Dans l’ensemble, l’adaptation des enfants est globalement positive, avec 59 % des élèves bien intégrés, mais 21 % ont tout de même nécessité un soutien spécifique, notamment psychologique. Les difficultés les plus fréquemment citées concernent la surcharge de travail, l’adaptation aux programmes ou un accompagnement insuffisant des besoins particuliers, quel que soit le type d’établissement. Le harcèlement scolaire, évoqué par 19 % des familles, demeure une source d’inquiétude, parfois mal prise en charge selon les parents interrogés.
Qui supportent les coûts de la scolarité ?
Malgré ces défis, la satisfaction globale de la scolarité reste élevée (3,1/4), notamment grâce au multilinguisme, à l’ouverture culturelle et à l’accompagnement individualisé offerts par de nombreuses écoles internationales. Cependant, l’orientation scolaire suscite une forte incertitude : près d’un parent sur deux se dit insuffisamment guidé, particulièrement concernant le choix des options et la préparation à l’enseignement supérieur.
« 66 % des familles financent seules l’école de leurs enfants »
Enfin, le coût de la scolarité constitue un enjeu majeur : 66 % des familles financent seules l’école de leurs enfants et 84 % ne reçoivent aucune aide, tandis que près de la moitié ignore même l’existence de bourses, une méconnaissance plus marquée chez les expatriés non accompagnés par un employeur.
Santé des expatriés : entre manque de clarté et pressions financières
La deuxième enquête menée par Expat Communication, en partenariat avec la Caisse des Français de l’étranger et April International, dresse un panorama contrasté de la protection santé des expatriés. Si plus de 91 % d’entre eux disposent d’une couverture, les solutions choisies forment un véritable patchwork mêlant combinaison CFE + complémentaire privée, assurances internationales, assurances locales ou maintien à la Sécurité sociale française. Toutefois, plus de 8 % n’ont aucune couverture, un chiffre qui interroge.
« À la CFE, notre mission est d’accompagner les Français à l’étranger dans toutes les dimensions de la sécurité sociale avec des valeurs de solidarité et d’universalité »
Rachida Kaci, directrice du marketing et de la communication
de la Caisse des Français de l’étranger
Les choix sont ainsi généralement anticipés, souvent avant ou juste après le départ, et une fois souscrites, les assurances sont rarement modifiées. Au cours de la cérémonie, Rachida Kaci, la Directrice du marketing, de la communication et du développement au sein de la Caisse des Français de l’étranger a pu rappeler qu’« À la CFE, notre mission est d’accompagner les Français à l’étranger dans toutes les dimensions de la sécurité sociale avec des valeurs de solidarité et d’universalité (…) Nous savons qu’une mobilité internationale ne se résume jamais à un contrat ou un projet professionnel. Elle concerne avant tout des personnes. »

Aussi, chez les personnes interrogées, les garanties solides, la réputation de l’assureur et la simplicité de gestion constituent les critères principaux de sélection. L’accès aux soins de santé, globalement possible dans le pays d’accueil, reste marqué par une préférence pour le secteur privé et, en cas de doute, un retour vers la France.
Le coût de la santé apparaît également comme une préoccupation majeure, particulièrement pour les retraités et les conjoints sans activité. Primes élevées, remboursements jugés insuffisants et services parfois décevants conduisent 34 % des expatriés à renoncer ou reporter certains soins. Quant à la satisfaction globale, elle reste moyenne (2,93/5), pénalisée surtout par le coût, le niveau de remboursement et l’incertitude sur la prise en charge des situations graves.
Expatriés en 2025 : un œil toujours tourné vers la France ?
Qu’en est-il de la vie de l’intégration des Français(es) dans leur pays d’expatriation ? Près de la moitié des répondants vivent à l’étranger depuis plus de dix ans, mais leurs projets restent parfois incertains : une partie ne souhaite pas rentrer, d’autres hésitent encore, et un quart envisage un retour à moyen terme.

Trois profils structurent la mobilité internationale : les self-initiative, majoritaires, qui s’installent par leurs propres moyens ; les salariés détachés, envoyés par leur entreprise ; et les conjoints accompagnateurs, dont l’intégration professionnelle, surtout pour les femmes, reste fragile. À ces parcours s’ajoute celui des étudiants ou des humanitaires.
« 46 % suivent quotidiennement l’actualité française »
L’intégration est globalement bonne (3,6/5), avec un double ancrage : beaucoup continuent de suivre l’actualité française (46 %) tout en s’ouvrant à celle de leur pays d’accueil. Sur le plan financier, la majorité bénéficie d’un niveau de vie en hausse et parvient à épargner, mais certains aspects, notamment la retraite, reste un point sensible. La vie familiale, quant à elle, se révèle globalement renforcée par l’expatriation, tandis que les célibataires témoignent d’une expérience oscillante entre enrichissement et solitude.
Baromètre 2025 Expatriation : un accompagnement encore insuffisant ?
Enfin, la quatrième enquête présentée par Expat communication met en lumière l’importance et les limites de l’accompagnement proposé aux expatriés par leurs activités professionnelles. Si 76 % bénéficient d’un soutien avant leur départ, principalement centré sur les démarches administratives et logistiques, cet appui reste souvent incomplet. Les besoins liés à la scolarité, à l’intégration culturelle ou à la carrière du conjoint sont encore trop peu pris en compte selon cette enquête.

Une fois installés, les expatriés constatent une nette diminution du soutien. La situation professionnelle des conjoints apparaît particulièrement fragile : seuls 52 % travaillent dans le pays d’accueil, avec un écart notable entre les hommes et les femmes.
« Les résultats de (votre) Baromètre dessinent
une feuille de route claire pour mon action »
Eléonore Caroit, Ministre déléguée chargée de la Francophonie,
des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger
Le package d’expatriation reste un levier important, 63 % en bénéficient, avec un taux de satisfaction élevé, mais les expatriés expriment un besoin croissant de mesures dépassant les seuls avantages matériels. Enfin, l’expatriation apparaît comme une expérience fortement transformatrice : montée en compétences, leadership, adaptabilité, ouverture culturelle. Pour 85 %, elle répond aux attentes professionnelles et peut même accélérer les carrières. Cependant, le retour en France demeure une étape difficile et inégalement accompagnée. Si certains réintègrent aisément leur poste, d’autres font face à des périodes d’inactivité ou à une réorientation forcée.
À travers ces quatre volets, le Baromètre Expat Communication 2025 présente donc la vie quotidienne de nos Français de l’étranger. Il révèle une diaspora solide, engagée, capable d’adaptation et d’ouverture, mais aussi confrontée à des défis structurels : coûts de la scolarité et de la santé, fragilité professionnelle des conjoints, manque de lisibilité des dispositifs d’accompagnement, ou encore complexité du retour. Il donne des pistes pour des possibles réformes. La Ministre déléguée chargée de la Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger, Eléonore Caroit prend également ce pas, pour elle « les résultats de (votre) Baromètre dessinent une feuille de route claire pour mon action : simplifier les démarches, mieux protéger, moderniser nos services, renforcer l’accès à la santé, et permettre à chaque famille de choisir sereinement son parcours éducatif et citoyen. »
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