Depuis l’investiture de Donald Trump le 20 janvier le nombre de visiteurs sur le site european-alternatives.eu est en nette augmentation. C’est le signe d’un intérêt accru pour les services technologiques européens.
Constantin Graf, un développeur autrichien de logiciels indépendant, a lancé le catalogue des entreprises technologiques européennes en 2021. Son projet cherche à offrir des alternatives aux plateformes américaines, basées dans l’Union européenne (UE), l’Espace économique européen (EEE), l’Association européenne de libre-échange (AELE), et en Ukraine, Géorgie et Moldavie.
Le catalogue est organisé sur la base des suggestions des utilisateurs et du lieu de domiciliation vérifié des entreprises.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, le trafic sur son site web a « explosé », a-t-il expliqué. Selon lui, c’est la preuve d’un intérêt grandissant pour les alternatives européennes.
Le nombre de visiteurs est ainsi passé de 25 000 à 70 000 au cours du mois de l’élection américaine. Il a atteint près de 200 000 après l’entrée en fonction de Donald Trump en janvier 2025.
Auparavant, des affaires de confidentialité concernant Google Font et Google Analytics avaient déjà entraîné une hausse de trafic sur le site, se souvient Constantin Graf. Mais cela n’est pas comparable aux données enregistrées après l’investiture.
Même s’il ne dispose pas d’informations sur les visiteurs, le développeur pense que les entreprises font partie du lot. Les pages de son site présentant des services qui leur sont dédiés ont en effet connu une augmentation significative de fréquentation.
Préoccupations en matière de protection de la vie privée
Le transfert des données des citoyens européens vers les États-Unis dans le cadre de l’accord UE-États-Unis sur la protection des données (Data Privacy Framework, DPF), qui protège les données personnelles, est mis en péril depuis le retour de l’administration Trump.
Par ailleurs, plusieurs démocrates ayant siégé au sein des organes exécutifs américains ont récemment démissionné ou ont été licenciés. Soulevant des inquiétudes quant à l’indépendance de ces institutions.
En Europe, des poursuites ont été engagées par un militant autrichien pour la protection de la vie privée. Il invoquait des garanties inadéquates contre la surveillance américaine en ligne. Suite à cela, la Cour de justice de l’UE (CJUE) a annulé deux accords transatlantiques de partage de données.
Si la Cour venait à invalider le DPF, cela compromettrait la capacité de l’UE à s’appuyer sur les services des entreprises américaines.
« Ce n’est qu’une question de temps avant la prochaine affaire Schrems », souligne Constantin Graf.
Indépendance technologique européenne
Les États membres de l’UE se méfient de plus en plus d’une dépendance excessive vis-à-vis des géants technologiques américains.
Bien qu’ils semblent disposés à se tourner vers des logiciels européens, il n’existe pas d’alternatives continentales intégrées aux environnements de travail, telles que Microsoft.
La Commission a l’intention de stimuler la technologie originaire d’Europe en privilégiant l’achat de technologies européennes. Mais aussi en fixant des exigences minimales pour l’utilisation de solutions logicielles européennes.
« Il existe un besoin d’alternatives européennes », a déclaré la semaine dernière au Parlement Henna Virkkunen, vice-présidente exécutive de la Commission et commissaire à la Souveraineté technologique, à la Sécurité et à la Démocratie.
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