Chaque année, environ 200 000 Français quittent l’Hexagone pour s’expatrier, tandis que près de 100 000 choisissent de revenir s’installer en France. Parmi ces retours, une partie significative concerne des expatriés ayant passé plusieurs années à l’étranger pour des raisons professionnelles. Si l’expatriation offre des opportunités uniques, le retour en France n’est pas dénué d’atouts : avantages fiscaux, aides à la réinsertion, et opportunités de carrière. Mais attention, ce retour s’accompagne aussi d’obligations, notamment fiscales. Voici ce qu’il faut savoir pour préparer au mieux votre impatriation.
Expatrié, impatrié : quelles différences ?
Avant d’aborder les avantages et obligations liés au retour en France, il est essentiel de clarifier les statuts d’expatrié et d’impatrié.
Expatrié
Un Français est considéré comme expatrié lorsqu’il part exercer une activité professionnelle à l’étranger, sous un contrat local, un contrat avec une entreprise française, ou en tant qu’indépendant. Pendant cette période, il rompt généralement ses liens avec le système social français, sauf s’il adhère à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE). Ce statut permet de bénéficier d’une fiscalité souvent allégée, mais avec une protection sociale moins avantageuse qu’en France.
Impatrié
À l’inverse, l’impatrié est un Français qui revient s’installer en France après une période d’expatriation, souvent pour reprendre un emploi local. Ce statut ouvre droit à des avantages spécifiques, comme la prime d’impatriation, destinée à faciliter la réinstallation
Les avantages du retour en France
Revenir en France après une expatriation peut sembler complexe, mais ce choix s’accompagne de nombreux atouts, tant sur le plan fiscal que professionnel ou social. Il peut être aussi utile d’ouvrir un compte bancaire français avant même son arrivée sur le territoire national afin d’accélérer les procédures.
Une fiscalité avantageuse pour les impatriés
Les Français de retour après au moins 5 ans d’expatriation peuvent bénéficier d’un régime fiscal particulier. La prime d’impatriation, par exemple, est exonérée d’impôt sur le revenu. Cette prime est accordée si :
- Vous êtes rappelé par une entreprise liée à votre ancien employeur à l’étranger.
- Vous êtes directement recruté depuis l’étranger pour travailler en France.
De plus, les revenus perçus à l’étranger avant le retour peuvent, sous conditions, être partiellement ou totalement exonérés de prélèvements sociaux.
Des aides sociales pour faciliter la réinsertion
Le retour en France permet de retrouver l’accès à des dispositifs sociaux essentiels :
- Le Revenu de Solidarité Active (RSA) : Accessible après 4 mois de résidence en France, sous conditions de ressources. Les moins de 25 ans peuvent y prétendre s’ils ont travaillé au moins 2 ans à temps plein dans les 3 années précédant leur demande.
- La Garantie Jeunes : Destinée aux 16-25 ans sans ressources, elle combine un accompagnement professionnel intensif et une aide financière mensuelle.
Des opportunités professionnelles renforcées
L’expatriation est souvent perçue comme un atout majeur sur un CV. Les compétences acquises à l’étranger (adaptabilité, gestion de projets multiculturels, maîtrise des langues) sont très recherchées par les employeurs français. De plus, les réseaux professionnels construits à l’international peuvent ouvrir des portes inattendues en France.
Les obligations à ne pas négliger
Si le retour en France offre des avantages, il impose aussi des démarches administratives et fiscales strictes.
La déclaration des revenus : une étape incontournable
Dès votre retour, vous devez déclarer l’ensemble de vos revenus, qu’ils aient été perçus en France ou à l’étranger. Deux déclarations sont souvent nécessaires :
- La déclaration 2042-NR : Pour les revenus de source française perçus avant votre retour.
- La déclaration 2042 classique : Pour les revenus perçus après votre retour, jusqu’au 31 décembre de l’année en cours.
Ces déclarations doivent être adressées au service des impôts des particuliers non-résidents, qui transmettra ensuite votre dossier au service compétent selon votre nouveau domicile.
Le domicile fiscal : un critère clé
Votre domicile fiscal détermine votre imposition. Si vous établissez votre résidence principale en France, vous serez soumis à une obligation fiscale illimitée : tous vos revenus, y compris ceux perçus à l’étranger, pourront être imposés en France. En revanche, si vous conservez des biens ou revenus à l’étranger, des conventions fiscales peuvent limiter cette imposition.
La protection sociale : un retour progressif
En revenant en France, vous réintégrez automatiquement le système de sécurité sociale français. Cependant, selon votre situation, une période de carence peut s’appliquer pour certains droits (chômage, retraite complémentaire, etc.). Il est donc conseillé de se renseigner auprès de la CPAM et de France travail dès votre retour. Le fait d’être adhérent à la CFE permet une réintégration plus fluide et rapide.
Un retour source d’opportunités ?
Revenir en France après une expatriation est une étape importante, à la fois sur le plan personnel et professionnel. Si les démarches administratives et fiscales peuvent sembler lourdes, les avantages sont nombreux : fiscalité allégée, accès aux aides sociales, et valorisation de votre expérience internationale sur le marché du travail.
Pour les 3 millions de Français de l’étranger, ce retour peut représenter une véritable opportunité de carrière, tout en permettant de retrouver un cadre de vie familier. Préparez votre impatriation en amont, et n’hésitez pas à solliciter des experts (comptables, conseillers en mobilité internationale) pour optimiser votre transition.
Auteur/Autrice
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Loic Pautou est un jeune Français parti en VIE au Vietnam et qui n'est jamais revenu. Propriétaire d'une agence de tourisme à Hanoï, il écrit aussi pour Lesfrancais.press et le Guide du Routard.
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