Avant la crise financière de 2008, le taux de croissance du commerce international était supérieur à celui du PIB. Il a pu même être deux fois supérieur. Depuis, sa croissance s’est fortement ralentie. Ce changement marqué de rythme est-il la conséquence de l’affaiblissement de la croissance économique ou le résultat de la multiplication des barrières protectionnistes ?
Un ralentissement marqué de la croissance du commerce international
Le commerce international augmentait en moyenne de 5 % entre 1995 et 2008. Depuis une dizaine d’années, sa croissance n’est plus que de 2 %. Elle est même proche de zéro depuis 2023. Elle est désormais nettement inférieure à celle du PIB qui augmente de plus de 3 % par an sur la période 2022/2023. L’affaiblissement de l’élasticité croissance/commerce mondial est forte après 2017.
Cette diminution de l’élasticité entre croissance et commerce mondial est intervenue à partir du moment où Donald Trump se lance dans une guerre commerciale d’ampleur contre la Chine. Les deux pays ont adopté des mesures aboutissant à freiner les échanges. Avec l’épidémie de covid, les obstacles aux échanges commerciaux se multiplient.
Le protectionnisme a-t-il freiné la croissance du commerce international ?
Les effets indéniables du protectionnisme
L’Union européenne et les États-Unis adoptent des mesures de protection de leur industrie (batteries, microprocesseurs, voitures, santé, etc.). Les États recourent à des dispositifs réglementaires pour restreindre les importations, instaurent des droits de douane ou des malus et subventionnent l’implantation d’usines sur leur territoire. L’embargo avec la Russie pèse également sur le commerce mondial
Croissance et commerce international interagissent. Moins d’échanges signifient moins de croissance et l’inverse est également vrai. La modification de la structuration de la croissance a des conséquences sur le commerce mondial. Des années 1980 aux années 2000, ce dernier a été tiré par une forte demande en produits industriels. À l’exception de la période covid, l’économie mondiale est de plus en plus tirée par les services qui donnent lieu à moins d’échanges mondiaux que l’industrie.
Une économie moins portée aux échanges avec une croissance faible et portée par le tertiaire
La remise en cause de la mondialisation et la transition énergétique ne favorisent pas non plus le commerce international. La tentation protectionniste commence à se matérialiser dans les résultats du commerce international. Les échanges entre les États-Unis et la Chine ralentissent rapidement. Les grandes zones économiques favorisent le commerce en leur sein.
Dans le passé, un ralentissement des échanges internationaux induisait celui de la croissance économique. Les périodes d’expansion interviennent quand il y a une libéralisation des échanges. Les phases protectionnistes se sont accompagnées d’une faible croissance. Or, le protectionnisme surtout dans des pays comme la France ou les États-Unis est populaire. Les populations, surtout quand la conjoncture économique est incertaine, souhaitent protéger leur marché intérieur afin de maintenir leurs revenus. Or, en règle générale la fermeture commerciale des frontières provoque une augmentation des prix, une moindre diffusion du progrès technique et, à la clef, moins de croissance.
Auteur/Autrice
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Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.
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