Élue il y a quatre ans à la tête de l’Unesco, au terme d’une élection serrée et riche en rebondissements, la Française Audrey Azoulay repart pour un nouveau mandat, ce premier décembre 2021, à la tête de l’agence onusienne dédiée à la Culture.
Soutien massif du conseil d’administration de l’Unesco
L’ancienne ministre de François Hollande a reçu le soutien massif du conseil exécutif de l’Unesco, réunissant 58 des 193 Etats membres, dans lequel elle a vu une manifestation de « confiance » et une « unité » retrouvée au sein de l’agence de l’ONU pour l’éducation, la science et la culture.
Un savoir-faire de diplomate
Sous sa houlette, les questions ultra-sensibles du Proche-Orient, comme le patrimoine de Jérusalem, ont ainsi fait l’objet de négociations en amont pour éviter les écueils, quitte à les ajourner. Au point que les États-Unis et Israël, partis en accusant l’Unesco de biais anti-israélien, considéreraient leur retour. « Il y a des signes positifs », indique-t-on de source proche.
Pour certains, la réintégration des États-Unis ferait contrepoids à l’implication grandissante de la Chine, devenue la première contributrice au budget ordinaire de l’Unesco (hors projets spécifiques). Elle verse 15,5 % de ce budget représentant 535 millions de dollars (461,6 millions d’euros) sur 2020-2021, en hausse de 3 % sur le mandat d’Audrey Azoulay, après 15 ans de stagnation ou de baisse, selon le secrétariat de l’Unesco. Au-delà des quote-parts obligatoires, les contributions volontaires ont également bondi, à quelque 890 millions de dollars (768 millions d’euros), en hausse de 50 % par rapport au mandat précédent (2013-2017), pour des projets spécifiques comme la reconstruction de Mossoul (près de 100M USD).
Des soupçons balayés
Fait rarissime derrière les vitres feutrées du siège de l’UNESCO à Paris, des sources internes anonymes ont fait fuiter dans la presse des documents accusant l’actuelle équipe dirigeante d’abus et de malversations financières.
Des enquêtes diligentées à la demande de Madame Azoulay pour identifier les auteurs de ces fuites parmi le personnel ont alourdi le climat social et assombri le premier mandat de l’ancienne ministre française de la Culture. Cependant, aucun grief ne sera retenu contre la franco-marocaine.
Un mandat sous le signe de la paix et de l’éducation
Encouragées par l’Unesco, les deux Corée se sont ainsi rapprochées pour co-porter le Ssirum, la lutte coréenne, au patrimoine immatériel de l’humanité. L’ambition de Mme Azoulay pour son nouveau mandat est de créer une zone de biosphère dans la DMZ, la zone démilitarisée sur la frontière intercoréenne, livrée à la nature depuis des décennies. Une façon pour l’Unesco d’œuvrer à la réconciliation, fidèle aux objectifs d’une institution née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour promouvoir la paix par le respect de la diversité culturelle et la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, de la culture, des sciences.
L’éducation, notamment des filles, reste, aussi, au cœur de ses actions pour les années à venir. Lors de la fermeture planétaire des écoles due à la Covid 19, l’institution s’est investie dans le développement de plateformes pour l’enseignement à distance ou la formation digitale des professeurs. Mais ces dernières années, l’Unesco s’est aussi tournée vers les sujets d’avenir, les mutations technologiques. Des recommandations doivent être soumises à la conférence générale (9-24 novembre) sur l’éthique de l’intelligence artificielle ou l’ouverture de la recherche scientifique.
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