Armand Meymand : « Les Français d’origine iranienne considérés comme des Français de seconde zone »

Armand Meymand : « Les Français d’origine iranienne considérés comme des Français de seconde zone »

Depuis Téhéran, Armand Meymand, président du conseil consulaire d’Asie centrale, dresse un bilan sévère du traitement réservé aux Français de l’étranger lors de la crise ayant opposé Israël et l’Iran. Trois mois après notre dernière interview, il revient sur les dysfonctionnements persistants et appelle à une prise de conscience urgente des autorités françaises. Pour lui, « les Français d’origine iranienne se sentent considérés comme des Français de seconde zone ».

Écouter le podcast avec Armand Meymand

Au service des Français de l’étranger

À la tête d’une zone qui couvre neuf pays, d’Iran à l’Afghanistan en passant par l’Azerbaïdjan, Armand Meymand revendique une longue expérience : « ça fait quand même 15 ans que je suis dans le domaine des Français de l’étranger ». Une légitimité qui, selon lui, lui permet aujourd’hui de pointer clairement les failles du dispositif français d’assistance consulaire.

Français d’origine iranienne : une scolarisation bloquée, un sentiment d’abandon

L’un des points les plus sensibles reste la situation des familles franco-iraniennes. Armand Meymand dénonce sans détour : « les enfants français qui sont restés en Iran ne sont pas autorisés à être scolarisés à l’école française de Téhéran ». Une situation qui dure depuis trois ans, sans réelle avancée diplomatique.

« Rien n’a été fait, tout cela n’était que des promesses »

Armand Meymand, président du Conseil consulaire, Français d’Iran

Selon lui, ce laisser-faire alimente un profond malaise : « ils estiment qu’ils sont un peu considérés comme secondaires, un peu, comme dirait M. Retailleau, français de papier ». Une accusation grave, symptomatique d’un manque de soutien institutionnel durable.

Guerre Israël-Iran : un dispositif consulaire absent

Armand Meymand, président du conseil consulaire pour les Français d'Asie Centrale, y compris l'Iran
Armand Meymand, président du conseil consulaire pour les Français d'Asie Centrale, y compris l'Iran

Lors des douze jours de tensions militaires, aucune directive n’a été transmise aux chefs d’îlots, pourtant pivots du réseau de sécurité. « Pendant les 12 jours, on n’a pas eu la moindre instruction », affirme l’élu.

Au cours de ce podcast, notre invité déplore également les promesses non tenues d’évacuation faites par le ministre : « rien n’a été fait, tout cela n’était que des promesses ». Pire encore, il relate des difficultés de communication interne : « il a refusé simplement mes appels », dit-il au sujet du premier conseiller de l’ambassade alors dépourvue d’ambassadeur.

Prisonniers français : des libérations trop lentes

La récente libération conditionnelle de Cécile Kohler et Jacques Paris ne l’a pas convaincu :
« obtenir leur libération conditionnelle au bout de trois ans, ça ne me semble pas particulièrement satisfaisant ».

« Pour Martin Ryan, détenu en Azerbaïdjan,
j’ai l’impression que les choses ne bougent pas ».

Armand Meymand, président du Conseil consulaire, Asie Centrale

Il évoque également Martin Ryan, détenu en Azerbaïdjan depuis deux ans : « j’ai l’impression que les choses ne bougent pas avec suffisamment de vitesse ». Pour lui, ces situations témoignent d’un problème structurel : « ce n’est pas vraiment une prouesse diplomatique ».

Français de passage : les plus exposés

S’il assure que les Français résidents permanents en Iran ou en Asie centrale ne rencontrent pas de difficultés majeures, il alerte sur un autre public : « l’avertissement éventuel du ministère, ça devrait concerner plus directement les Français de passage ».

Téhéran capitale de l'Iran
Téhéran capitale de l'Iran

Pour lui, les interpellations récentes touchent surtout les visiteurs temporaires, plus vulnérables face aux contextes géopolitiques.

Engagement personnel et solitude des élus locaux

Dans un contexte parfois dangereux, Armand Meymand rappelle ce qui motive son action : « ce qui me motive le plus, c’est vraiment l’amour de mes compatriotes ». Lors de la guerre Israël–Iran, il a tenté de pallier l’absence de l’ambassade : groupes WhatsApp, contacts directs, interpellations des parlementaires… Une implication qui ne lui a pas toujours valu un soutien unanime. « On nous accusait parfois même d’en faire trop alors que nous recevions des bombes sur la tête », confie-t-il. Conscient de l’absence de moyens institutionnels, il décrit l’action des élus consulaires comme un « militantisme » quotidien.

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