Amélia Lakrafi : " J’entends surtout un « ras-le-bol » ! "

Amélia Lakrafi : " J’entends surtout un « ras-le-bol » ! "

Suite de nos rencontres dans le cadre de la campagne des élections législatives de 2024. Aujourd’hui, nous sommes avec Amélia Lakrafi, députée sortante de la dixième circonscription des Français de l’étranger réélue en 2022, candidats de la majorité présidentielle sous l’étiquette Ensemble, avec le soutien du parti d’Édouard Philippe, Horizons.

Ecouter l’interview de la candidate Ensemble !

« Ne laissez pas aux autres prendre des choix à votre place »

Q : La campagne ne dure que quelques jours, comment est-ce que vous pensez vraiment pouvoir faire campagne en si peu de temps ?

J’ai la chance d’avoir, à l’étranger, des Français investis, des Français qui ont envie de nous suivre, envie d’aller voter et d’utiliser leur droit de vote, mais c’est vrai que l’état d’esprit est assez compliqué.

Q : Que vous disent-ils par rapport à ce délai de quinze jours, n’ont-ils pas le sentiment d’être privés de débat ?

Débat, je ne sais pas, mais j’entends surtout un « ras-le-bol » !
Les gens sont fatigués. Ils viennent juste d’être appelés aux urnes, certains ont même participé à l’élection en tenant des bureaux de vote. Quatre élections depuis les présidentielles !
Lors de la campagne des européennes, on n’a pas arrêté de nous dire : c’est un scrutin européen et pas national. Et maintenant, on nationalise complètement le scrutin.
La constitution permet au président de dissoudre et il l’a fait, maintenant il a sûrement ses raisons. C’est vrai qu’on part dans l’inconnu et je pense que l’inconnu fait peur.

Q : Le vote du rassemblement national dans votre circonscription, même s’il n’est pas si fort reste quand même présent. C’est, en fait, la question clé de cette élection. Le fait dans votre campagne, n’est-il pas, le faire évoluer auprès de vos électeurs ?

Personnellement, je n’en parle pas. J’ai procédé ainsi en 2017 et en 2022, et les gens qui me suivent et qui me connaissent, savent que je n’ai pas l’habitude d’attaquer mes adversaires. Je pense que quand on a un programme clair ou quand on a des choses à défendre, on a autre chose à faire que taper sur les autres.
De plus, plus on attaque le RN plus on le fait progresser. Je vais donc garder mes habitudes, faire ce que je fais comme toujours, c’est à dire parler des électeurs, parler de la circonscription, de mes projets, de mon bilan.
Mais si on me demande, après mon avis sur les deux autres parties, je le donnerai. 

Q : Quelle est la réforme pour les expatriés, celle sur laquelle, durant cette campagne, vous pouvez vous engager, que vous voulez mettre en avant ?

M’engager sur ce que je peux faire à mon niveau ? Ça veut dire faciliter tout ce que je peux, mettre en réseau les clubs d’affaires à l’étranger, notamment auprès de nos entrepreneurs. Pousser pour que le statut des EFE soit définitivement reconnu par décret, ce qui a été commencé, continuer de parler avec la BPI pour être sûr d’avoir des aides qu’on puisse débloquer pour les EFE, les entrepreneurs français, étrangers.
Localement, c’est continuer à soutenir les associations de bienfaisance, avec la fédération de bienfaisance que j’ai créée et en demandant au secteur privé de s’investir pour la solidarité de nos compatriotes.
Aujourd’hui les Français de l’étranger qui ont besoin de nous, sont les Français indigents. Nous avons malheureusement encore au Cameroun des dizaines de français qui meurent, on en a eu 20 en un an, morts pour indigence.
Ça, je ne peux pas l’accepter.
Autre sujet local, l’école. Je ne veux pas vendre du rêve. Certains de mes concurrents « vendent » l’école gratuite. C’est impossible. Et si je propose ça, je suis une menteuse et je dis la vérité, même si elle ne plaît pas, jamais l’école ne sera gratuite à l’étranger.
Ce que l’on peut faire c’est pousser pour que, peut-être, plus d’enfants français y aillent et pouvoir baisser les coûts. Également avoir plus de professeurs mieux formés, notamment avec les douze centres de gestions régionaux, que l’on doit rendre plus efficaces. Je peux pousser ces questions.
Au niveau de la loi, avec une assemblée qui ressemble aux estimations de vote c’est à dire, un tiers, un tiers, un tiers, ça va être très compliqué de porter un dossier pour les Français de l’étranger.
C’est pourquoi, je dis aux Français de l’étranger mobilisez-vous ! Parce que quand je vais vouloir aller plaider en leur faveur, on va regarder la mobilisation et avec 15 % pour les européennes et 20 % pour les législatives, je n’y arriverai pas, sachant que nous ne sommes que 11 députés sur 577.
C’est pourquoi je dis aux Français : votez pour qui vous voulez mais votez même blanc. Quand je dis « votez », c’est surtout s’inscrire dans les consulats. Seulement 50 % des Français sont enregistrés, nous avons donc à 50 % des effectifs dans les consulats. Beaucoup se plaignent du manque de personnels, mais comme il n’y a que la moitié des Français inscrits, c’est ce chiffre qui compte.
Donc, enregistrez-vous, dites à vos amis de s’enregistrer, ainsi on aura plus d’agents dans les consulats. Et, surtout, votez, parce que 3 millions de personnes qui votent, ça change une élection. Aidez-nous à vous aider.

Q : La dixième circonscription comprend le Moyen-Orient, avec notamment la Syrie. Quel est aujourd’hui l’état de la communauté française dans cette zone?

Ils sont très peu nombreux à être inscrits, deux ou trois enregistrés. Je sais qu’ils sont entre 20 et 50, selon les personnes à qui je parle, c’est une communauté très implantée. C’est essentiellement des ONG. J’ai un compatriote franco syrien, médecin, qui travaille et qui fait ce qu’il peut pour aider des réfugiés.
Ils ne sont pas dans une très bonne situation. C’est très compliqué pour eux, ils ont encore des bombes qui leur tombent dessus et la situation humanitaire est catastrophique.

Q : En dehors de la mobilisation, quel serait aujourd’hui le message que vous avez envie de transmettre à vos électeurs de la dixième ?

Ayez confiance pour les gens en qui vous avez confiance, regarder ce qu’ils ont fait. N’écoutez pas juste les petites phrases ou les promesses, les fausses promesses qu’on va vous faire. Utiliser votre droit, le droit de vote. Certains sont morts pour avoir le droit de vote. Utilisez-le. Ne laissez pas aux autres prendre des choix à votre place, pour vous et pour vos enfants. Et ayez confiance dans votre député, qui est là pour vous et qui est suffisamment loyal pour ne pas taper sur son parti, mais suffisamment libre pour voter à l’encontre de son parti, comme la loi immigration, par exemple. 

Q : Si Vous aviez un argument à donner aujourd’hui pour que les gens votent plutôt pour vous que pour les autres candidats. Qu’est-ce que ce serait ?

C’est proximité, compétence, expérience, c’est de mot-clé, pas des arguments et loyauté mais liberté !

Les candidats de la 10eme circonscription des

Français établis hors de France sont (par ordre du tirage au sort) :

1. Mme MOJON-CHEMINADE Odile, remplaçant M. LAVERNHE Christophe;

2. M. LAMAH Lucas, remplaçant M. MOUSSALLEM Joseph;

3. Mme LAKRAFI Amélia, remplaçant M. MOUKARZEL Joseph;

4. M. MARIE-LOUISE Hugues Michel, remplaçante Mme MORBY Nathalie Marie Betty;

5. Mme MABASI Marie Josée, remplaçante Mme MOUEFFEK Zahira;

 6. Mme DI MEO Elsa, remplaçante Mme YAEESH Anne-Claire;

7. M. CASTELLAN Philippe, remplaçant M. LOUVET Michel;

8. M. HOJEIJ Ali Camille, remplaçante Mme GORAYEB Sandra;

9. M. DE VERON Jean, remplaçante Mme FUSCO Anne-Sophie;

10. Mme LAGUI Julie, remplaçante Mme MONTHILLER Christelle;

11. Mme MAZOT Nathalie, remplaçant M. BELLOTTO Michel;

12. Mme LAROSE Sandra, remplaçant M. EBERHARDT Frédéric.

Auteur/Autrice

  • Catya Martin

    Catya Martin a eu plusieurs vies. Après une carrière dans le groupe Dassault, elle s'envole avec sa famille pour Hong-Kong où elle se pique pour le journalisme et l'expatriation. Elle y crée Trait d'Union et est élue Conseillère consulaire en 2014 et 2021. Elle a créé aussi La French Radio Hong-Kong, partenaire du site Lesfrancais.press

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