Allemagne : retour des contrôles frontaliers

Allemagne : retour des contrôles frontaliers

Dès ce lundi 16 septembre, les Français, comme les autres, qui doivent circuler entre l’Allemagne et la France, ou d’autres pays frontaliers de nos cousins germains, seront soumis aux contrôles frontaliers. En effet, la ministre de l’Intérieur allemande, Nancy Faeser, a annoncé, lundi 10 septembre, un durcissement des mesures à toutes les frontières du pays. Des contrôles avec la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark seront rétablis pendant six mois. Les raisons, une immigration incontrôlable selon elle.

Nous continuons d’appliquer notre ligne dure contre l’immigration irrégulière – Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur allemand

La montée du parti d’extrême droite AfD 

L’Allemagne a été frappée, le 23 août dernier, par un attentat revendiqué par le groupe État islamique dans la ville de Solingen. La semaine dernière, une tentative d’attentat a également visé le consulat général d’Israël à Munich. Ces actions terroristes combinées au succès du parti d’extrême droite AfD lors des scrutins régionaux de l’été.

En réaction, le gouvernement d’Olaf Scholz multiplie les mesures de fermeté dont ce rétablissement des contrôles frontaliers. Aussi car, un nouveau mouvement de gauche xénophobe, l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), réclame un contrôle plus étroit des flux migratoires. Et lui aussi a effectué une percée spectaculaire à l’occasion de ces scrutins. Les deux formations pourraient réaliser un nouveau score important le 22 septembre, lors d’élections dans le Brandebourg, la région autour de Berlin.

L’exécutif allemand souhaite refouler les personnes qui entrent illégalement aux frontières allemandes. © REUTERS/Ralph Brock

Le droit européen

Les mesures, présentées comme temporaires, ne dureront dans un premier temps que six mois. Mme Faeser a dit avoir informé la Commission européenne de son initiative. Car ce type de décision doit être soumis à l’UE, deux périodes de 6 mois consécutifs sont autorisées, après il faut un accord positif de la Commission européenne pour maintenir les dispositions.

Aussi Bruxelles a rappelé que les contrôles doivent être « exceptionnels », « nécessaires et proportionnés ». La capitale européenne a insisté sur le « principe de proportionnalité » et évoque de possibles « mesures alternatives » comme des « patrouilles conjointes » entre États européens.

Face aux critiques, le gouvernement allemand s’est défendu, mardi, de faire cavalier seul au sein de l’UE sur la politique d’immigration. « Il ne s’agit pas d’initiatives nationales isolées qui pourraient nuire à l’Union européenne », a assuré la ministre de l’Intérieur.

Crispation des États européens

Cette décision tend les relations entre l’Allemagne et certains de ses voisins, d’autant que le gouvernement a également déclaré, lundi, vouloir refouler plus de migrants aux frontières allemandes. La mesure, particulièrement controversée, consiste à renvoyer des demandeurs d’asile dans le pays de l’UE par lequel ils sont arrivés, sans leur permettre de déposer une demande en Allemagne.

 L’Autriche a déjà prévenu qu’elle « n’accepterait pas les personnes refoulées d’Allemagne », selon des propos du ministre de l’Intérieur, Gerhard Karner, au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a pour sa part qualifié, mardi, d’« inacceptables » ces contrôles, qui avaient déjà été mis en place pour la Pologne il y a un an. 

Dénonçant une « suspension à grande échelle » de la libre circulation dans l’espace Schengen, il a annoncé lors d’un discours télévisé qu’il allait requérir une concertation en urgence avec les « autres pays affectés par ces décisions » en vue d’une « réaction au sein de l’Union européenne concernant cette question ».

©Emile Kemmel

D’autres mesures pour lutter contre l’immigration

Sous pression, le gouvernement d’Olaf Scholz a annoncé la suppression des aides aux demandeurs d’asile entrés dans un autre Etat de l’Union européenne avant d’aller en Allemagne. Berlin veut aussi accélérer l’expulsion de réfugiés ayant fait l’objet d’une condamnation pénale. L’Allemagne a procédé fin août au renvoi dans leur pays de 28 Afghans condamnés pour crimes, une première depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021.

« Nous continuons d’appliquer notre ligne dure contre l’immigration irrégulière », a déclaré lundi la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, en évoquant la généralisation des contrôles aux frontières. Il y a un an, le pays avait déjà renforcé son dispositif dans un contexte de forte hausse du nombre des demandes d’asile. Le chancelier social-démocrate s’est targué dimanche d’avoir « réalisé le plus grand changement de ces dix ou vingt dernières années dans la gestion de l’immigration », revendiquant ce durcissement après la politique d’accueil incarnée par l’ex-dirigeante conservatrice Angela Merkel.

Au cours de la crise migratoire de 2015-2016, la première économie européenne a accueilli plus d’un million de réfugiés, dont de très nombreux Syriens fuyant la guerre et la répression du régime de Bachar Al-Assad. Depuis l’invasion russe de février 2022 en Ukraine, l’Allemagne a pris en charge environ un million d’exilés ukrainiens. Mais cet accueil des réfugiés met à l’épreuve de nombreuses collectivités. Berlin a invoqué lundi « les capacités limitées des communes en matière d’hébergement, d’éducation et d’intégration ».

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  • redactionafp

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