Allemagne, deux ans en enfer

Allemagne, deux ans en enfer

Pour la deuxième année consécutive, le PIB en Allemagne a reculé. Après une contraction de 0,3 % en 2023, il a régressé de 0,2 % en 2024, selon l’Office fédéral des statistiques Destatis. « L’Allemagne traverse sa plus longue période de stagnation depuis l’après-guerre », estime Timo Wollmershäuser, responsable prévision de l’institut économique IFO. En comparaison de 2019, le pays affiche une croissance d’à peine 0,3 %. L’économie allemande est lourdement pénalisée par les difficultés de l’automobile et du secteur des machines-outils. L’industrie manufacturière allemande a enregistré une baisse de 3 % de sa production l’an dernier. En 2024, les exportations ont reculé de 0,8 %, tandis que les importations progressaient de 0,2 %.

Perte d’emplois et inflation

Les menaces de majoration des droits de douane de Donald Trump inquiètent les Allemands. Malgré la baisse de l’inflation à 2,2 % en 2024, les ménages ont maintenu un important effort d’épargne. En effet, la consommation des ménages corrigée des effets de l’inflation n’a augmenté que de 0,2 % l’an dernier et reste encore en-dessous du niveau de 2019. Les Allemands restent échaudés par la hausse des prix qui de 2019 à 2024 a été de 20 %.

Perte d’emplois et inflation
Perte d’emplois et inflation

Ils craignent par ailleurs les pertes d’emplois, l’année 2024 ayant été marquée par des plans de licenciement importants : Volkswagen a annoncé un plan social portant sur 35 000 postes d’ici à 2030, Thyssen Krupp a prévu de réduire le nombre de postes de 11 000, l’équipementier automobile ZF de 14 000, tandis que les groupes Bosch et Continental ont décidé de supprimer 7 000 emplois chacun dans le pays. Le nombre de faillites a sensiblement augmenté d’une année sur l’autre (+16,8 %), notamment dans les secteurs des transports et de la construction.

Les entreprises ont, par ailleurs, réduit leurs dépenses d’investissements en biens d’équipements de 5,5 % en 2024 (6,5 % en excluant le secteur public).

L’espoir d’un rebond est faible

L’espoir d’un rebond de l’économie allemande au cours du premier semestre 2025 est faible compte tenu du recul du PIB de 0,1 point au dernier trimestre 2024 et des incertitudes économiques comme politiques. Les élections au Bundestag du 23 février prochain devraient conduire à une coalition dominée par la CDU. Celle-ci aura la lourde tâche de relancer l’économie en menant des réformes structurelles. Elle pourra compter sur une marge de manœuvre financière importante. Stable d’une année sur l’autre, le déficit budgétaire du pays s’est élevé à 2,6 % du PIB en 2024. Mais pour accroître ses dépenses publiques sans augmenter les impôts, l’Allemagne devra réformer en partie sa règle du « frein à la dette », qui limite les nouveaux emprunts à 0,35 % du PIB. Pour lever ce frein, une majorité des deux tiers au Parlement est nécessaire.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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