Air France-KLM a indiqué la semaine dernière que le groupe s’apprêtait à lancer une augmentation de capital de plus de 2 milliards d’euros. Avec cet apport d’argent frais, le groupe aérien veut tourner la page de la pandémie et relever de nouveaux défis.
Rembourser ses dettes à l’Etat
Le premier objectif du groupe aérien qui est aujourd’hui très endetté, c’est de se libérer de ce poids financier qui a aussi des conséquences sur son aptitude juridique à se développer. En effet, pendant la crise Covid, le transport aérien s’est retrouvé totalement à l’arrêt mais il fallait quand même payer les salaires et rembourser les avions. Le groupe brûlait du cash, et pour ne pas faire faillite il s’est tourné vers l’Etat en lui demandant des aides de toutes sortes mais aussi des prêts.
En sus, la Commission européenne n’a en effet autorisé des aides d’Etat que de manière temporaire. Tant que les aides n’ont pas été remboursées, le groupe n’a par exemple pas le droit de prendre plus de 10% du capital d’une autre compagnie. Cela limite sa marge de manœuvre. En remboursant sa dette le tandem franco-néerlandais va pouvoir revenir à la manœuvre à un moment où il pourrait y avoir des opportunités de consolidation dans le ciel, et où il apparait indispensable d’accélérer la diversification des services proposés par les compagnies du groupe.
Une nouvelle alliance pour le fret
A ce jour, 90% du CA du groupe est lié au transport des personnes. La pandémie, mais aussi les nouvelles normes, les impératifs écologiques, sans oublier le télétravail, font cependant planer un doute sur les projections de croissance phénoménales qui avaient encore cours à la fin de la dernière décennie. Certains, désormais, anticipent plutôt une rationalisation des voyages des particuliers et des cadres d’entreprises, et donc une baisse du trafic voyageur.
Et en parallèle le marché du fret aérien se porte bien. Ce segment a redécollé en flèche pendant la crise du Covid. Les bateaux étaient un moment à l’arrêt et on avait besoin de transporter très vite des produits comme des vaccins. Chez Air France, c’est devenu la seule activité rentable. Pourtant, au-delà de ce boom conjoncturel, on sent que la demande va être durablement forte car le transport aérien est très adapté au transport rapide de produits peu volumineux mais chers. On pense par exemple aux iPhones, à tous les produits avec des composants électroniques ou tous les produits de luxe. On parle donc de produits dont les ventes se portent très bien. L’intensification du fret aérien va donc tirer les volumes pendant des années. Comme l’offre est relativement limitée, les prix qui ont bondi de 150% l’an dernier vont peut-être un peu chuter mais ils vont rester élevés.
Afin de proposer des offres combinées ou répondre à tous les besoins, Air France-KLM a décidé de se rapprocher de CMA CGM. Ce groupe français est le numéro 3 ou 4 mondial du transport maritime avec une armada de navires de plus en plus gros qui transportent des centaines de containers. Cet allié sera très complémentaire et va permettre au groupe aérien d’accélérer sur un métier redevenu stratégique. Ainsi avec les 6 avions 100% cargo d’Air France KLM et les 4 cargos que CMA CGM possède, le nouvel assemblage sera incontournable sur le marché du fret aérien. Ensemble, ils ont également commandé une douzaine d’A350 Cargo. De plus, il reste de la place en soute dans les 160 avions passagers d’Air France KLM. Cela fait une vraie force de frappe.
Laisser un commentaire