Les 27 chefs d’état réunis à Bruxelles, après quatre jours et quatre nuits de sommet, sont parvenus à se mettre d’accord sur un plan de relance de 750 milliards d’euros.
Ce plan sera financé pour la première fois par un endettement commun, afin de relancer une économie européenne mise à terre par l’épidémie de coronavirus.
Le président français Emmanuel Macron a décrit ce plan comme véritablement historique et « de nature à répondre aux défis sanitaires, économiques et sociaux qui sont aujourd’hui devant nous dans chacun de nos pays ».
Des représentants ont indiqué que l’accord, survenu après que Charles Michel, le Président du Conseil des chefs d’Etat, ait présenté un compromis sur le plan de relance de 750 milliards d’euros. Ce plan est indispensable pour écarter les doutes sur l’avenir même du bloc communautaire. Le président du Conseil européen a, donc, proposé que le fonds de relance soit réparti en 390 milliards d’euros de subventions, contre 500 milliards d’euros initialement, et 360 milliards d’euros de prêts. Une source diplomatique française avait fait savoir un peu plus tôt que la France devrait toucher près de 40 milliards d’euros.
Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a déclaré à l’issue du sommet que 28% du fonds de relance serait destiné à l’Italie, avec 81 milliards d’euros de subventions et 127 milliards d’euros de prêts.
Sévère récession
L’UE a tardé à coordonner sa réponse initiale à la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus. Déjà affaiblie par la sortie de la Grande-Bretagne, elle devait présenter un front uni sur l’aide économique pour démontrer sa faculté à surmonter une crise. Mais le tortueux sommet a parfois semblé sur la voie de l’échec, l’Europe étant divisée en deux – entre les pays du Nord et du Sud.
« C’est un signal important, au-delà des frontières de l’Europe, que l’Union européenne, même avec des contextes différents (chez ses Etats membres), est capable d’agir », a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel.
Avec près de 100 heures de négociations, le sommet s’est approché du record de durée de la réunion organisée à Nice en 2000 qui s’était étalée sur près de cinq jours entiers.
Les enjeux du rendez-vous de Bruxelles, qui marquait les retrouvailles physiques des dirigeants des Vingt-Sept depuis le début de la pandémie de coronavirus, étaient élevés alors que l’Europe fait face à sa plus sévère récession depuis la Deuxième Guerre mondiale. Des diplomates avaient dit craindre qu’une absence d’accord fragilise davantage le bloc et l’expose encore plus aux courants eurosceptique, nationaliste et protectionniste.
Camp des « frugaux »
Au cours d’un dîner, dimanche, le camp dit des « frugaux » mené par les Pays-Bas a défendu sa préférence pour l’option de prêts remboursables. Emmanuel Macron a perdu patience aux premières heures de la journée de lundi, a-t-on appris de deux diplomates, tapant du poing sur la table par frustration devant les « blocages stériles » du camp des « frugaux ».
« Je suis heureux de cet accord, je n’y vois aucune déception », a déclaré le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, à l’issue du sommet. « Nous sommes tous des professionnels, nous pouvons encaisser quelques coups », a-t-il ajouté en référence aux âpres négociations.