L’union Européenne a signé un accord de libre échange avec le Mercosur, c’est-à-dire le marché commun sud américain (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay). Cet accord était discuté depuis plus de vingt ans
, et s’il butait sur les questions agricoles, les tendances protectionnistes, en Europe (notamment en France) comme en Amérique latine, (en Argentine), y faisaient constamment obstacle.
L’accord éliminera plus 90% des droits de douane
L’accord éliminera plus 90% des droits de douane à l’entrée du Mercosur comme à l’entrée de l’Union Européenne. Même si l’essentiel de l’accord concerne les produits industriels, le volet agricole est particulièrement sensible. Dans ce domaine, les taxes sur les alcools, et notamment le vin, seront progressivement supprimés, tandis que viande et sucre américain auront accès au marché européen dans la limite de quotas. Par exemple, 100.000 tonnes pour le bœuf par an (par comparaison, la production européenne est de 13.7millions de tonnes). Pas de quoi être submergé, cependant, un mécanisme de sauvegarde prévoit des mesures temporaires en cas de déstabilisation du marché. Surtout, le Mercosur reconnait 357 appellations et indications géographiques européennes. Aucun accord antérieur n’avait entériné la reconnaissance d’autant d’appellations d’origine. Fini le champagne ou le cognac brésilien, les imitations de fromages français ou italiens. Enfin, les pays du Mercosur seront tenus d’ouvrir leurs marchés publics aux entreprises européennes.
Emmanuel Macron a salué l’accord, considérant qu’il prenait en compte les intérêts français, soulignant que le Brésil s’était engagé dans ce traité à des clauses environnementales comme la protection de la forêt et le respect de l’accord sur le climat. Il est pourtant désavoué par le deuxième de la liste Renaissance Pascal Durand, son ancien collègue du gouvernement Hollande, mais aussi par Nicolas Hulot. Les Ecologistes entendent faire de cet accord un nouveau cheval de bataille, alliés cette fois aux syndicats agricoles. Beaucoup d’ONG fustigent aussi l’accord, prenant à partie le Président brésilien Bolsonaro.
La route est donc longue avant que ce traité n’entre en vigueur, puisqu’il doit être approuvé par le parlement européen.
Pourtant, un tel accord se fait au bénéfice non seulement des consommateurs et des producteurs des pays concernés, qui auront droit à des meilleurs produits au meilleur coût, sans payer de taxes indues, mais surtout, il renforce les liens politiques avec des pays qui ont été trop longtemps considérés comme une chasse gardée nord américaine. Et qui passent de nombreux accords bilatéraux avec la Chine. Il est curieux de plaider le développement des économies émergentes, de vouloir aider travailleurs et paysans latino américain et leur fermer le marché européen. Signer des accords de commerce est un système de reconnaissance juridique, cela ne revient pas à approuver la politique de tel ou tel chef d’Etat. Doit-on boycotter la Chine à cause de la répression du PC chinois ? Refuser le pétrole iranien et saoudien ? Couper le gaz russe et algérien ? Voire fermer les frontières italiennes parce qu’on n’est pas d’accord avec Salvini ?
L’accord avec les pays du Mercosur rapproche les pays de l’Amérique latine et l’Europe, qui semblait les avoir abandonnés. C’est une excellente nouvelle pour l’équilibre du monde. Personne ne convaincra Bolsonaro (et les 55% de Brésiliens qui ont voté pour lui) en leur fermer la porte au nez.
Si cet accord, jugé « historique » est une bonne nouvelle pour les pays d’Amérique latine et pour les Européens, sa ratification est, hélas, loin d’être assurée.
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