« Accélérer » la réduction de la dette, objectif premier de Bercy

« Accélérer » la réduction de la dette, objectif premier de Bercy

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire et son homologue des Comptes publics Gabriel Attal ont présenté jeudi 20 avril le « Programme de stabilité de la France », dont l’objectif principal est « l’accélération » de la réduction de la dette. Des députés de gauche alertent sur une nouvelle « cure d’austérité ».

Fut un temps où la politique du « quoi qu’il en coûte » guidait l’action publique : tout euro dépensé pour relancer la croissance après la pandémie de la Covid-19 était légitime. La présentation du « Programme de stabilité » français siffle la fin de la partie.

240 milliards d’euros ont été dépensés depuis le début de la pandémie, soit environ 10 % du PIB français. Le bouclier fiscal, mis en œuvre suite à la guerre en Ukraine pour contrer les pires effets de l’inflation, a aussi pesé sur les finances publiques : 24 milliards d’euros cette dernière année.

Ces dépenses publiques tous azimuts étaient nécessaires, explique Bruno Le Maire : « nous avons eu pendant deux ans le niveau d’inflation le plus faible de la zone euro », à 5,2 % en 2022.

Mais l’heure est à la « fermeté » pour reprendre la main sur les finances publiques, et réduire la dette souveraine de l’ordre de 4 points d’ici 2027, de 111,6 % du PIB aujourd’hui à 108,3 %. L’exécutif table aussi sur une réduction du déficit, qui devrait atteindre 2,9 % du PIB en 2027, soit sous la barre des 3 % du « Pacte de stabilité et de croissance », pierre angulaire de la politique budgétaire européenne.

« Nous accélérons le désendettement de la France », a martelé M. Le Maire, qui justifie cette décision par le besoin de retrouver des « marges de manœuvres » afin de pouvoir faire face à un « nouveau choc conjoncturel ».

Une réduction d’autant plus urgente aux yeux de Bercy que la charge de la dette – les intérêts que l’Etat s’engagent à payer aux créanciers – est en phase d’exploser, de 46,3 milliards d’euros à 71,2 milliards, le résultat d’un resserrement « radical » des taux directeurs de la banque centrale européenne (BCE), souligne le ministre de l’Economie.

« Au moment où nous venons de demander un effort à nos compatriotes avec la réforme des retraites en leur demandant de travailler tous davantage », Bruno Le Maire estime que l’Etat doit aussi mettre la main à la patte. Il fait le pari d’une inflation à la baisse, qui atteindrait 1,75 % en 2027 – sous les 2 %, objectif sacré de la BCE.

En conséquence, la part des dépenses publiques baissera de 57,5 % du PIB à 53,5 % sur les quatre prochaines années. « C’est soit la réduction accélérée de la dette maintenant […], soit les impôts demain », a conclu le ministre.

Fut un temps où la politique du « quoi qu’il en coûte » guidait l’action publique : tout euro dépensé pour relancer la croissance après la pandémie de la Covid-19 était légitime. La présentation du « Programme de stabilité » français en marque sans aucun doute la fin. [CHRISTOPHE PETIT TESSON/EPA-EFE]
Fut un temps où la politique du « quoi qu’il en coûte » guidait l’action publique : tout euro dépensé pour relancer la croissance après la pandémie de la Covid-19 était légitime. La présentation du « Programme de stabilité » français en marque sans aucun doute la fin. [CHRISTOPHE PETIT TESSON/EPA-EFE]

« Cure d’austérité »

De quoi faire bondir les députés de l’opposition : « après la réforme des retraites, une cure d’austérité se prépare » a tweeté la députée socialiste Christine Pirès-Beaune.

Manon Aubry, députée européenne La France insoumise et présidente du groupe La Gauche au Parlement européen, ne dit rien d’autre : les annonces du gouvernement seraient « un avant-goût de la cure d’austérité que le gouvernement français promet à Bruxelles au nom de la sacro-sainte stabilité budgétaire ».

Dès janvier, au plus fort des manifestations contre la réforme des retraites, Esther Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), expliquait à EURACTIV France qu’une « nouvelle vague d’austérité » s’abattait sur l’Europe, alors que les taux de dette ont explosé suite à la pandémie.

« Cette politique d’austérité, au moment où la crise inflationniste assomme les ménages partout en Europe, n’a aucun sens », ajoutait-elle.

La présentation du programme de stabilité s’ancre dans une réflexion plus large autour d’une révision du « Pacte de stabilité et de croissance » européen, dans un souci de rendre sa mise en œuvre plus rapide et efficace.

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