À Varsovie, l'UE a préparé la défense européenne de demain

À Varsovie, l'UE a préparé la défense européenne de demain

La réélection de Donald Trump et la guerre en Ukraine ont figuré en bonne place à l’ordre du jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du Triangle de Weimar — la France, l’Allemagne et la Pologne — et de leurs homologues italien, britannique, ukrainien et espagnol, qui s’est tenu à Varsovie mardi 19 novembre.

Le ministère allemand des Affaires étrangères a confirmé la présence des ministres des Affaires étrangères de la France et de l’Italie, ainsi que de la nouvelle Haut représentante de l’Union européenne (UE), Kaja Kallas, à la réunion.

Les ministres des Affaires étrangères de l’Espagne et de la Grande-Bretagne ont participé à distance, selon une porte-parole.

« Cette réunion est l’expression de la nécessité d’une coordination étroite entre les principaux partenaires en Europe », a-t-elle expliqué.

Même si les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont réunis à Bruxelles lundi 18 novembre, le groupe restreint pour la réunion de mardi ont semblé conçu pour faciliter une discussion plus ciblée sans la présence des États membres de l’UE dont le soutien à l’Ukraine a été remis en question.

« Ce qui est essentiel dans cette réunion, c’est l’absence de la Hongrie et de la Slovaquie, dont la rhétorique sur la Russie et l’Ukraine est complètement différente de celle des autres États européens », a déclaré à Euractiv Pologne Wawrzyniec Konarski, un expert en politique à l’université Vistula à Varsovie.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán — proche allié de Donald Trump — a appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu en Ukraine suivi de pourparlers de paix entre Kiev et Moscou, tandis que son homologue slovaque Robert Fico a mis en doute l’efficacité du soutien de l’Occident à l’Ukraine.

Selon Wawrzyniec Konarski, comme Bratislava et Budapest n’ont pas été représentés, l’atmosphère des pourparlers a été moins tendue et plus propice à un consensus.

La coalition anti-Trump de l’Europe ?

Lorsqu’il prendra officiellement ses fonctions en tant que président, Donald Trump pourrait réduire la présence militaire des États-Unis en Europe et réévaluer son approche de l’OTAN.

Au lendemain de la victoire du candidat républicain à la présidence des États-Unis, le Premier ministre polonais Donald Tusk avait annoncé qu’il organiserait des entretiens avec Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique, le secrétaire général de l’OTAN et les dirigeants des États nordiques et baltes pour discuter de la coopération transatlantique et de la guerre en Ukraine.

« Dans les prochains jours, nous coordonnerons de manière très intensive la coopération avec les États qui ont un point de vue très similaire sur la situation géopolitique et transatlantique et sur la situation en Ukraine »avait-t-il déclaré au début du mois de novembre.

Selon Sébastien Maillard, conseiller spécial à l’Institut Jacques Delors, une telle coalition est nécessaire en Europe, « car il n’y a pas de chef de file clair qui puisse parler à Donald Trump au nom du bloc.»

©Stockadobe - OTAN/UE
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« [Emmanuel] Macron connaît [Donald] Trump depuis son premier mandat, mais il est politiquement faible et n’obtiendra pas le soutien des autres États membres à lui seul. D’où la nécessité d’une coalition », a-t-il justifié.

De même, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est retrouvé affaibli après la chute de son gouvernement plus tôt en novembre.

Pendant ce temps, Donald Tusk s’est imposé comme la « tête d’affiche » de l’UE en matière de défense — avec plus de 4 % du PIB dépensés par la Pologne pour la défense en 2023.

De son côté, la Première ministre italienne Giorgia Meloni est politiquement alignée avec Donald Trump.

Néanmoins, les participants à la réunion de mardi ont minimisé la possibilité d’une coalition anti-Trump. La porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères a modéré les attentes concernant l’émergence d’un nouveau format européen pour contrer Donald Trump, affirmant que la réunion de Varsovie « n’a pas besoin d’être étiquetée pour le moment ».

Côté italien, Lorenzo Castellani, analyste politique et professeur à l’université Luiss Guido Carli à Rome, a également rejeté l’idée d’une coalition anti-Trump.

« De tels fantasmes n’existent qu’à Bruxelles », a-t-il réagi, ajoutant que les Européens négocieront probablement sur les demandes de Donald Trump concernant les livraisons d’armes.

Tensions avec la Russie

Si les ministres des Affaires étrangères ont discuté du futur président américain, ils ont aussi évoqué la dernière manœuvre du président sortant, Joe Biden.

Les relations entre la Russie et les États-Unis ont connu un regain de tension dimanche 17 novembre, après que l’administration de Joe Biden a autorisé l’Ukraine d’utiliser des armes fabriquées aux États-Unis pour frapper directement en Russie.

Les participants à la conférence de Varsovie ont été divisés sur la question. Paris et Varsovie ont salué l’initiative de Joe Biden, et Londres pourrait bientôt autoriser l’utilisation de ses missiles Storm Shadow en territoire russe, suivant ainsi le précédent américain.

En revanche, Berlin et Rome ne sont pas d’accord.

« Il y a certaines limites pour le chancelier », a déclaré un porte-parole du gouvernement allemand lundi. « Il ne veut pas que ces armes à longue portée soient livrées. Cette position ne changera pas ».

En marge du Conseil des affaires étrangères de l’UE lundi, le vice-premier ministre et ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a également réitéré la position de l’Italie sur l’utilisation d’armes par l’Ukraine.

« Notre position reste inchangée : les armes ne peuvent être utilisées que sur le territoire ukrainien », a-t-il soutenu.

Pendant ce temps, à Moscou, la décision de Washington a été accueillie fraîchement.

« Le président s’est exprimé sur cette question », a fait savoir dimanche la représentante officielle du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

Le 12 septembre, Vladimir Poutine avait souligné qu’une éventuelle décision d’utiliser des armes de longue portée occidentales contre la Fédération de Russie ne représenterait « rien d’autre qu’une participation directe des États-Unis et d’autres pays de l’OTAN à la guerre en Ukraine ».

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