Mayotte est le dernier territoire devenu un département. C’était le 31 mars 2011. TOM (Territoire d’outre-mer) ou DOM (département d’outre-mer) ça peut vous sembler identique, mais non, en tant que département Mayotte est pleinement intégrée à la République et à la Nation indivisible à la différence des TOM qui organisent la vie sur leur territoire de façon autonome. Mais que ce soit DOM ou TOM, ils sont tous Français et donc à Mayotte, comme ailleurs en France, c’est la solidarité nationale qui s’organise pour porter secours à nos compatriotes.
Au cœur du cyclone
Le cyclone intense Chido a traversé l’île de Mayotte, samedi 14 décembre, avec des vents dévastateurs. L’œil du cyclone a abordé le nord de la Grande-Terre vers 11 h, samedi, au niveau de la ville de Bandraboua pour ressortir environ 30 minutes après vers la ville d’Acoua sur la côte nord-ouest. Le mur de l’œil a concerné la Petite-Terre ainsi que les régions nord et centre de la Grande-Terre.
Sur l’ensemble du territoire, les rafales observées ont dépassé les 180 km/h voire plus de 200 km/h dans le mur de l’œil du cyclone. On a relevé dans le mur de l’œil 226 km/h à Pamandzi et 194 km/h avant rupture de la réception des données à Coconi.
Des rafales approchant 250 km/h ont pu être atteintes sur le nord de Petite-Terre et la moitié Nord de Grande-Terre, concernées par le passage du mur de l’œil, qui est la zone théorique des vents maximaux.
Le cumul de pluie le plus élevé sur la durée de l’épisode est de 176,4 mm relevé à la station de Vahibé dans les hauts de Mamoudzou.
Des conséquences ravageuses
Les scènes apocalyptiques sont visibles aux quatre coins de l’île, dont la majeure partie demeurait dimanche sans électricité, ni réseau mobile. À la Vigie, quartier de Petite-Terre lui aussi en hauteur, les cases en tôle ont été arrachées du sol, comme si elles n’avaient jamais existé.
Ne restent que des objets personnels noyés par les fortes pluies et la boue argileuse. Deux personnes y ont perdu la vie. À mesure que le cyclone tournoyait au-dessus de Mayotte, les comparaisons avec des événements plus anciens se sont égrenées : d’abord le cyclone de 1984, puis celui de 1934… Pour finalement conclure que « ce territoire n’a jamais vécu une telle catastrophe », des mots du géographe Saïd Saïd Hachim sur le plateau de France TV.
Même à Mamoudzou, seule ville à avoir retrouvé un réseau téléphonique parcellaire, les dégâts sont conséquents. Des toits d’habitations « en dur » se sont envolés, tout comme des lampadaires, des barrières, des arbres. L’une des barges qui relie Petite-Terre à Grande-Terre s’est échouée à côté du marché couvert, où les stands culinaires des « mamas brochettis » se sont volatilisés. La plupart des habitants ont dû compter sur la musada, l’entraide traditionnelle, pour se réfugier chez la famille ou les voisins qui habitaient un logement plus solide ou en contrebas. Plusieurs vidéos montrent des jeunes bien équipés aidants les plus âgés à se mettre à l’abri.
Même les bâtiments publics ont subi des dégâts. Le centre hospitalier de Mayotte a été inondé et déplorait 14 morts ce week-end, ainsi que de nombreux patients dans un état grave. La caserne de pompiers de Kawéni a perdu l’un de ses toits et « l’aéroport n’a plus de balisage, ni de tour de contrôle », ont signalé les autorités, précisant qu’il « est en état de marche pour les vols militaires ».
Depuis ce week-end et jusqu’à mercredi, « près de 800 personnes doivent arriver à Mayotte », a indiqué le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau. Mais les personnels, le matériel et les denrées en provenance de La Réunion, notamment, ne peuvent pas encore être acheminés de l’aéroport de Petite-Terre jusqu’en Grande-Terre, faute de barges en état de marche.
Des besoins vitaux
Trois jours après la catastrophe, la priorité est d’assurer les « besoins vitaux » des habitants en eau et en nourriture, a insisté Bruno Retailleau, alors que l’archipel manque encore de tout. « On risque une crise sanitaire« , a alerté Ben Issa Ousseni, le président du Conseil départemental sur la chaîne Mayotte la 1ère.
La moitié de la population mahoraise sera approvisionnée en eau d’ici jeudi et les trois quarts « d’ici la fin de la semaine », a assuré la préfecture de Mayotte dans un point de situation. « Le réseau d’eau est en train d’être rétabli par la société mahoraise des eaux (SMAE). La SMAE a prévu de pouvoir approvisionner en eau 50% de la population d’ici 48h. Elle pourra approvisionner 75% de la population d’ici la fin de la semaine », écrit la préfecture dans son communiqué.
« Les grandes et moyennes surfaces ont commencé à rouvrir », indique également la préfecture. « Le préfet invite chacun et chacune à faire preuve de civisme et de modération dans les achats pour que chacun puisse avoir accès à des vivres », ajoute la préfecture.
Entre 70 et 75% du réseau routier départemental et national était dégagé, ce mardi midi. L’électricité est encore en cours de rétablissement, alors que 80% du réseau de téléphonie mobile reste indisponible. Dans le même temps, les services de l’État ont lancé plusieurs types de recensement : des victimes, des besoins sanitaires et des besoins en logement (hébergement d’urgence, structures sociales…).
Renforts et matériels
Les avions militaires enchaînent les allers-retours entre La Réunion et Mayotte. Une course contre la montre pour apporter des renforts matériels sur l’île sinistrée. Parmi les priorités, l’envoi des bâches pour rétablir les habitats dévastés. Le pont aérien a également permis le transfert de Mahorais vers l’île de La Réunion pour se soigner. Une question de survie pour certains, puisqu’à Mayotte, premier désert médical en France, seul un centre de dialyse reste fonctionnel après le passage du cyclone. Il ne peut pas accueillir tous les malades.
Face à l’urgence de la situation, des renforts humains sont également envoyés, avec la mobilisation de 1 500 civils et militaires. À Libourne (Gironde), des sapeurs sauveteurs de la sécurité civile s’apprêtaient à rejoindre Mayotte dans la matinée du mardi 17 décembre. La mobilisation dépasse également les frontières. Les États-Unis ont indiqué être prêts à offrir une aide humanitaire.
Bilan difficile
Pour le moment, le bilan encore très provisoire fait état de 22 morts, a indiqué mardi sur franceinfo le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, citant les dernières données collectées auprès du centre hospitalier de Mayotte. Il est toujours très compliqué d’établir un bilan complet et définitif en raison des nombreuses personnes disparues, des difficultés d’accès à certaines zones et des morts enterrés immédiatement par les familles. Le bilan « n’est pas encore établi », a souligné François Bayrou. Le Premier ministre a également évoqué « 200 blessés graves » et « 1.500 blessés qui sont en urgence relative ».
Dès ce mardi soir, un couvre-feu va être mis en place sur l’archipel, de 22 heures à 4 heures, pour des raisons de sécurité, a annoncé le ministère de l’Intérieur. Emmanuel Macron va aussi décréter « un deuil national » et se rendra sur place « dans les prochains jours« .
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