A Madagascar, deux Français condamnés pour un coup d’Etat

A Madagascar, deux Français condamnés pour un coup d’Etat

Madagascar est une île qui est restée très proche de la France depuis son indépendance dans les années 1960. Tellement que certains Français jouent toujours aux barbouzes sur place. Bien mal leur en a pris, un expatrié et un binational viennent d’en faire l’amère constatation en étant condamnés à de lourdes peines.

Tentative d’assassinat

Le procès sur l’affaire de tentative d’assassinat du président de la République a connu son dénouement, le 17 décembre. Six accusés sont reconnus coupables, dont le principal, Paul Rafanoharana, binational, qui écope de vingt ans de travaux forcés.

L’affaire Apollo 21

Après dix jours d’audience, la saga judiciaire sur l’affaire Apollo 21, qui a débuté le 6 décembre, a pris fin ce 17 décembre. Le dernier épisode qui s’est joué à la salle 4 du palais de justice d’Anosy, a été conclu par le prononcé du verdict de la Cour criminelle ce 17 décembre.

Après près de deux heures de délibération, la sentence est tombée. Six des vingt accusés sont reconnus coupables. Pour quatre d’entre eux, la Cour a eu la main lourde. Paul Rafanoharana, principal accusé, écope de vingt ans de travaux forcés.

Sauf changement, le retraité de la gendarmerie française devrait purger, au moins, une partie de sa peine à la maison de force de Tsiafahy, où il a été placé en détention préventive depuis quatre mois. Pareillement, pour Philippe Marc François, colonel retraité de l’armée française, et Aina Marie Razafindrakoto, ancien employé de la Banque centrale. Associé de Paul Rafa­noharana à la tête de la société Tsara First, pour le premier, et administrateur de ladite entreprise, pour l’autre, ils sont condamnés à dix ans de travaux forcés.

Une société écran Tsara First

Dans son réquisitoire, mercredi, l’accusation a soutenu que Tsara First est une société écran visant à collecter des fonds pour financer le projet Apollo 21. Le document portant le titre Apollo 21, justement, a été présenté comme le principal élément à charge contre les accusés. Le ministère public affirme qu’il s’agit d’un plan visant à démettre le gouvernement et attenter à la vie du chef de l’État. Que le projet prévoit un budget de 5 millions de dollars et évoque des termes comme prise d’institution.

Devant la Cour, Paul Rafanoharana a reconnu l’existence de ce document. Il a affirmé qu’il s’agit juste d’une réflexion théorique, niant la volonté d’assassiner le Président, mais au contraire qu’il a voulu l’aider. Par aider le chef de l’État, il a reconnu que cela implique de neutraliser son entourage mafieux, en ajoutant, cependant, que neutraliser n’est pas éliminer. Il atteste, du reste, qu’il est l’unique auteur du document Apollo 21, écartant ainsi la responsabilité de ses co-accusés. Seulement, la Cour n’est, visiblement, pas du même avis.

A Madagascar, deux Français ont été condamnés le
Paul Rafanoharana, le principal accusé de la tentative de coup d’État

Pourvoi en cassation

Voahanginomenjanahary Andrianandrianina, épouse de Paul Rafanoharana, fait aussi partie des personnes reconnues coupables. La Cour l’a condamnée à cinq ans de travaux forcés. Les deux derniers accusés déclarés coupables sont Yvon Randriazanakolona, dit Sareraka, chargé de mission à la présidence de la République, et le général retraité Victor Ramahatra, ancien Premier ministre de la deuxième République.

La Cour a, toutefois, disqualifié les infractions de Sareraka et de Victor Rama­- hatra. Aussi, tous deux écopent juste de cinq ans d’em­prisonnement avec sursis. Cette requalification des infractions n’a pas été précisée. En tout cas, au début du procès, il a été dit que les personnes happées par l’affaire Apollo 21 sont accusées de participation et association de malfaiteurs dans l’optique de commettre des crimes, de fomenter une rébellion pour renverser le gouvernement et attenter à la vie du président de la République. La détention illégale d’arme figure, également, parmi les chefs d’inculpation.

Deux acquittements au bénéfice du doute ont, par ailleurs, été prononcés par la Cour criminelle. Ils sont en faveur de Brigitte Mroczek, compagne de Philippe Marc François, et du général retraité Ferdinand Razakarimanana, homme politique. Pour le reste des accusés qui sont les officiers généraux des Forces armées en exercice, un officier supérieur de la gendarmerie nationale et les éléments du Groupe de sécurité et d’intervention spéciale (GSIS), de la gendarmerie nationale, tous ont bénéficié d’un acquittement pur et simple.

Après le prononcé du verdict, certains des avocats de la défense ont dénoncé un procès politique, à la sortie de la salle d’audience. Face à la presse, maître Willy Razafinjatovo, dit maître Olala, un des avocats de Paul Rafanoharanana, a affirmé qu’un pourvoi en cassation sera déposé dès le début de la semaine prochaine, puisqu’ils ne sont pas satisfaits de cette décision de condamnation. Dans leur plaidoirie, les avocats de la défense ont martelé l’absence de preuves concrètes démontrant la culpabilité de leur client. Ils n’ont, vraisemblablement, pas convaincu la Cour.

Face à la presse, à son domicile, maître Razafinjatovo a pesté contre le fait que la demande de nullité du procès n’a pas été retenue par la Cour. Il s’agit de la première charge lancée par la défense contre l’accusation. Au motif de vices de procédures et de non-respect du droit à la défense, ainsi que du secret de l’instruction, ils ont requis la nullité du procès dès la première journée du procès. Statuant également sur ce point, la Cour criminelle a déclaré les requêtes recevables en la forme, mais non fondées sur le fond et les rejette.

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