« Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent » disait Caligula, exprimant la quintessence du tyran. Le tyran, aujourd’hui, n’est plus aussi simplet, c’est un virus. Avec ses variants son ombre plane sur nos vies décloitrées. Il n’est pas seul, mille virus menacent.
Ayez peur ! La vie ne sera jamais plus comme avant, jamais plus aussi vive et vivante. Repentez-vous, insouciants ! la police sanitaire traque les fêtards, balance des bombes lacrymogènes sur des danseurs subversifs, la police morale vire un ministre anglais accusé d’avoir, en son bureau, embrassé sa maitresse sur la bouche, sans masque. L’adultère ne choque plus, le péché sanitaire l’a remplacé.
Un pied dans la tombe, l’autre dans le vide
Seule la tyrannie du bien et du sain, pourrait sauver un monde qui a déjà un pied dans la tombe et l’autre dans le vide. Est-ce seulement possible ? Ne faut-il pas s’amputer le sein comme le fit une célèbre actrice, par anticipation d’un cancer éventuel? Après tout, le virus ne serait-il pas un soulagement dans un monde trop peuplé, trop cruel ? Avant, on disait : « il faudrait une bonne guerre. » Voilà celle du virus. Mais le virus tue peu. 4 millions sur 7.8 milliards, ce n’est pas l’apocalypse.
Une vraie guerre, ce serait autre chose : Fini de rigoler, les mandarins qui jouent les vedettes à la télé. Les képis remplaceront les blouses blanches. Va falloir apprendre à parler chinois. Ils vont dominer le monde, c’est sûr. Ils ont des espions jusque dans nos oreilles et copient nos empreintes digitales. Avec un peu de chances, en prenant un peu d’avance, on pourrait éviter çà avec quelques bombes, du lourd, du regrettable, mais du classique.
Guerre contre le terrorisme, contre le virus, contre la marque jaune, et aussi contre les nuages
Justement, il y en a plein des bombes. Jamais les dépenses militaires n’ont été aussi importantes. Bombarder l’Iran tous les matins ne fait que retarder le désordre. Un jour, c’est sûr, s’ils n’envoient pas un missile, un terroriste en fera un paquet cadeau nucléaire. Le 11 septembre, c’était juste un pétard mouillé. La preuve : les Américains rendent l’Afghanistan aux Talibans en s’excusant de les avoir dérangés.
Guerre contre le terrorisme, contre le virus, contre la marque jaune, et aussi contre les nuages. La guerre bactériologique n’est rien face à la menace climatique. Si le ciel ne nous tombe pas sur la tête, on va mourir étouffé. Seuls les riches auront de l’eau. Les autres se tueront au coca ou seront submergés par la montée des eaux, ils s’accrocheront au plastique qui inonde les océans.
A quoi bon survivre? Pour manger quoi ? Des insecticides ? Du poisson carré, de la vache enragée, du boudin au soja? Avec tous les cancers qui se trimballent, le virus est peut être une bénédiction. De toute façon tout le monde a bien compris qu’on n’aura plus de quoi se payer autre chose que des impôts.
Les immigrés ne doivent pas savoir dans quelle catastrophe on vit
Grace aux allocations, et à la dette. Car l’Etat a bien compris que s’il ne donnait pas l’argent nécessaire à cette triste survie, personne n’aurait de quoi payer les taxes sur le tabac, l’alcool, l’électricité, les billets d’avion, etc… D’autant qu’il n’y aura plus d’emploi, avec tous ces robots qui prennent le travail des immigrés. Ce qui, d’ailleurs, ne les empêche pas de venir. Même les naufrages ne les dissuadent pas. Si on leur disait, ils nous enverraient peut-être des anxiolytiques.
Heureusement qu’ils viennent, on ne fait plus d’enfant. A quoi bon ? Leur offrir un tel avenir ? Une dette abyssale, des retraites en chiffon ?
La dénatalité, la décroissance, la déconstruction, les déficits, voilà les seuls chemins lucides. A ces angoissantes question, -autant de défis passionnants à surmonter et moins terribles que ceux auxquels ont pu faire face les générations précédentes- les gouvernements ont toujours les mêmes réponses : plus d’impôts, plus d’interdits. Il pleut ? Un impôt pluie. Il fait sec : un rationnement. Accroissement perpétuel de la sphère du pouvoir. Les impôts et la mort[1] sont liés, seules certitudes.
Justifier papiers, contrôles, taxes, lobotomies politiques et morales
A se demander si ces catastrophes ne seraient pas là pour justifier papiers, contrôles, taxes, lobotomies politiques et morales. Ces derniers temps on a multiplié passeports, attestations, arrestations, obligations, amendes, tests obligatoires, justificatifs, avec leur cousinage d’absurdités et de passe droits. Tous s’accompagnent d’impôt : mondial, local, caché, sournois, induit, reporté mais plus que jamais nécessaire, à moins que vous ne vouliez reprendre un coup de virus, de guerre commerciale, de krach mondial, d’obus, d’ouragans, de tsunamis et d’accidents nucléaires. Ayez peur, et remerciez ceux qui vous protègent.
La peur gouverne, utilisée par tout gouvernement pour justifier l’accroissement de sa sphère d’influence, et son impuissance.
Pour un Caligula, la peur est la garantie de son pouvoir. Nous sommes, sinon sous le règne d’un tyran, en tout cas sous le règne de la peur. Elle n’est pas innocente, elle est mortifère.
Le règne de la peur est facile à abattre
Heureusement, elle reste facile à abattre. Déjà, il est facile de redevenir raisonnable : en quelques années, plus d’un milliard et demi d’hommes sont sortis de la misère, les inégalités entre le nord et le sud ont été diminués d’un tiers, la médecine a progressé de façon inimaginable, (contre ce virus pas moins d’une dizaine de vaccins, ont été trouvé en une année) ; la révolution – la libération – des femmes progresse, l’éducation aussi, plus encore dans les pays pauvres que dans les pays développés. Si la famine et la misère repartent aujourd’hui, ce n’est pas du à une fatalité, mais à des décisions politiques, dues à la peur.
Il suffit de choisir une date au hasard dans les mille ans qui précédent pour observer que si les défis à venir sont immenses, les chances de les surmonter sont plus grandes encore. Les capacités d’invention, de surprise, d’adaptation, de coopération de 7.5 milliards de cerveaux est plus prodigieuse que celles de tous les calculateurs du monde en réseau.
Au delà des raisons d’optimisme, qui ne sont que des raisons, – encore que la démocratie repose sur l’idée que le choix des citoyens est dictée par la raison plus que les sentiments ou les intérêts particuliers- il est aisé de vaincre, d’abattre ce régime de terreur : Il suffit de ne pas avoir peur. « La seule chose dont nous devons avoir peur, c’est la peur elle-même[2] ». Résister au matraquage de la trouille est un devoir civique.
Laurent Dominati
A. Député de Paris
A. Ambassadeur de France
[1] “In this world nothing can be said to be certain, except death and taxes.” Benjamin Franklin, 1789 et: “Things as certain as death and taxes, can be more firmly believ’d.” Daniel Defoe, The Political History of the Devil, 1726.
[2] Franklin Roosevelt, Discours d’investiture, 1933.
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