50 ans après Phnom Penh : mémoire et renaissance du Cambodge

50 ans après Phnom Penh : mémoire et renaissance du Cambodge

Il y a 50 ans, le 17 avril 1975, Phnom Penh tombait aux mains des Khmers rouges, plongeant le Cambodge dans l’un des chapitres les plus sombres de son histoire. Aujourd’hui, Iv, réalisateur du film « Cambodge après l’adieu » et organisateur de l’événement « Pour un sourire d’avenir », revient sur cette tragédie à travers un projet mémoriel et artistique unique. Son objectif ? Transformer la douleur en résilience, et la mémoire en reconstruction.

Ecouter le podcast avec Iv Charbonneau Ching

Un événement pour ne pas oublier, mais aussi pour avancer

Le 28 novembre 2025, l’association « Pour un sourire d’enfant » (PSE) et Iv Charbonneau Ching lancent « Pour un sourire d’avenir », un événement commémoratif mêlant témoignages, photographies, films et échanges. « En 2025, il me semblait essentiel de marquer ces 50 ans, non pas pour nous enfermer dans le passé, mais pour en faire un tremplin vers l’avenir », explique Iv.

Une programmation utile et vivante

Son film : « Cambodge après l’adieu » (2012), est personnel et se relate le retour de sa famille au Cambodge, 35 ans après leur fuite. Il propose également des témoignages inédits dont ceux de quatre survivants ayant vécu la chute de Phnom Penh depuis l’ambassade de France, dont le photographe de guerre Roland Neveu.

« Je voulais transformer la mémoire en espoir »

Iv Charbonneau Ching, réalisateur

Une exposition photo « Cambodge après l’adieu », signée Roland Neveu, qui capture l’émotion brute de cette période est également programmée. Un dialogue culturel : Avec « La beauté du geste », un film de Xavier de Lauzanne sur le Ballet royal du Cambodge, symbole de la renaissance culturelle du pays est aussi annoncé.  « Je ne voulais pas d’une commémoration morbide. Avec PSE nous avons choisi de faire de cet événement quelque chose d’utile, de vivant », nous explique Iv Charbonneau

« Cambodge après l’adieu » : un film pour retisser les liens brisés

Au cours de ce podcats, Iv se souvient : « Depuis mon enfance, j’ai été hanté par des questions sans réponses : qui étaient mes grands-parents ? Où étaient passés mes oncles ? » Son film, « Cambodge après l’adieu », est né de cette quête. « En réalisant ce film, j’ai voulu donner un sens à cette mémoire familiale, la rendre collective. »

Le documentaire est un « road movie » émotionnel, où Iv et sa famille partent à la recherche des disparus.

Habitants Phnom Penh
Les habitants de Phnom Penh, avril 1975

« Nous avons retrouvé des survivants que nous croyions morts. Ce film a permis de recréer des liens, de reconstituer une partie de notre histoire. » Mais au-delà de l’histoire personnelle, le film pose une question universelle : comment se reconstruire après l’indicible ? « Les Cambodgiens, en 1975, ne comprenaient pas ce qui leur arrivait. Ils croyaient à la fin de la guerre civile, pas à l’horreur qui suivrait », raconte Iv.

La mémoire comme acte de résistance

Les Khmers rouges ont tenté d’effacer l’histoire du Cambodge : détruire les livres, éliminer les intellectuels, briser la culture. « Leur ambition était de créer un homme nouveau, sans passé. La résistance, aujourd’hui, c’est de faire revivre cette mémoire », souligne Iv. C’est le rôle des associations comme PSE, qui œuvrent depuis 30 ans pour éduquer les enfants cambodgiens et préserver la culture. « PSE a sauvé des milliers d’enfants de la misère. Aujourd’hui, certains d’entre eux dirigent l’association. C’est ça, la résilience. »

« Se tourner vers l’avenir, sans oublier oublier »

Iv Charbonneau Ching, réalisateur

L’événement « Pour un sourire d’avenir » s’inscrit dans cette logique : transmettre pour ne pas oublier, mais aussi pour inspirer. « La culture cambodgienne, la danse, la musique, la gastronomie, est une forme de résistance. Elle montre que le pays a survécu, et qu’il se reconstruit. »

Un message pour les jeunes générations

En tant que professeur d’histoire et d’audiovisuel, Iv observe un paradoxe : « Au Cambodge, les jeunes connaissent peu cette période. Pour eux, c’est parfois lointain, voire incroyable. » Pourtant, il est crucial de transmettre cette mémoire.

« Mon rôle est de leur montrer que cette histoire, aussi douloureuse soit-elle, fait partie de leur identité. Et que la reconstruction passe par la compréhension du passé. »

Un devoir de mémoire : « Pour que le monde se souvienne de ce qui s’est passé. »

Un message d’espoir : « Pour montrer que même après l’horreur, la vie reprend ses droits. »

« Ce qui m’a frappé en réalisant ce projet, c’est la capacité des Cambodgiens à se relever. Leur résilience est une leçon pour nous tous. »

Infos pratiques :

Événement : « Pour un sourire d’avenir »

« Cambodge après l’adieu »
Un documentaire de Iv Charbonneau Ching sur le voyage d’une famille au Cambodge après la fuite et l’exil.
Le 02/12- 19h00 à Kino Eaton House – Jordan
Le 08/12- 19h00 à Kino Eaton House – Jordan

« La beauté du geste » de Xavier de Lauzanne
Un film sur la persistance de la pratique ancestrale du ballet cambogien dans une société marquée par le génocide.
Témoignages et discussions –
03/12 à 19h00 à Two Taikoo Place 3F – Quarry Bay

« Venez découvrir une histoire de mémoire, de résilience, et d’espoir. Parce que se souvenir, c’est déjà reconstruire. »

Pour en savoir plus :
Site de l’association « Pour un sourire d’enfant »

TRAILER DE POUR UN SOURIRE D'AVENIR :

Auteur/Autrice

  • Catya Martin a eu plusieurs vies. Après une carrière dans le groupe Dassault, elle s'envole avec sa famille pour Hong-Kong où elle se pique pour le journalisme et l'expatriation. Elle y crée Trait d'Union et est élue Conseillère consulaire en 2014 et 2021. Elle a créé aussi La French Radio Hong-Kong, partenaire du site Lesfrancais.press

    Voir toutes les publications
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire