Le chef de l’État a réuni, ce mardi 10 décembre 2024, à l’Élysée, les chefs des partis politiques, hors RN et LFI, pour essayer de défricher la route de Matignon. Son objectif ? Nommer un Premier ministre susceptible d’éviter une nouvelle censure. Rapidement, mettant fin au supplice de l’horloge, Emmanuel Macron a déclaré, aux chefs de partis :
« Je demanderai au Premier ministre qui sera nommé dans les 48 heures de mettre en place cette méthode concertée ».
Emmanuel Macron, Président de la République, 10 décembre 2024
Et s’il n’a pas cité le moindre nom, il a glissé une information de taille dans son propos introductif : « Il faut une volonté de l’Assemblée pour fonctionner dans les trente mois qui viennent sans dissolution. » Et de constater, dans les dernières minutes de ce rendez-vous : « Personne ne veut redonner la main au RN. »
Le RN et LFI exclus des discussions
Emmanuel Macron a exclu le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI) des discussions de ce mardi à l’Élysée, l’entourage du chef de l’État estimant que le parti lepéniste et les insoumis ont fait valoir qu’ils ne souhaitaient pas trouver de compromis. « Ils voudraient installer le match RN-LFI (à la présidentielle de) 2027 qu’ils ne s’y prendraient pas autrement », a réagi le président du RN Jordan Bardella auprès de BFMTV, dénonçant une forme d’« irrespect ».
« Tout ça n’aboutira pas. C’est du temps de gagné, de la méfiance de répandue entre nous, de la suspicion, de l’affaiblissement », a prophétisé Jean-Luc Mélenchon en référence à la réunion à venir à l’Élysée, écartant toute « concession » aux macronistes.
Le PS pose ses conditions
Dans un courrier adressé lundi soir à Emmanuel Macron, les cadres du Parti socialiste (PS) ont exprimé leur « conviction que seul le dialogue républicain et la confrontation des points de vue peuvent permettre de trouver une issue à cette situation de blocage préjudiciable aux Françaises et aux Français ». En posant toutefois trois conditions : aucune participation à un gouvernement dirigé par la droite ou dit « technique » ; « un véritable changement de cap politique » sur des sujets comme « les retraites, le pouvoir d’achat, la justice fiscale »… et que soit nommé un Premier ministre de gauche.
Les Écologistes, pas convaincus
La Secrétaire nationale des Écologistes dénonce l’absence de « compromis » et de « concessions » lors de la réunion des chefs de partis à l’Élysée.
« Je sors sans pouvoir vous dire que le camp présidentiel a bougé d’un iota sur rien, je suis désolé de vous l’annoncer », assure Marine Tondelier.
Les Verts, le PS et le PCF se sont engagés à ne pas recourir au 49.3
À gauche, ils sortent avec le sentiment d’être renforcés après cette réunion avec le chef de l’État. Et ils espèrent enfin revenir à Matignon quitte à se passer du 49.3 comme ils l’ont déclaré aux micros tendus : « On a posé un geste fort », annonce Marine Tondelier au nom des forces de gauche à la sortie de l’Elysée : « Nous nous sommes engagés, si nous étions nommés [à Matignon], à ne pas recourir au 49.3 » et donc « à travailler en équipe à l’Assemblée nationale ».
Laurent Wauquiez refuse de participer à un contrat de gouvernement avec les partis présents à l’Élysée.
Enfin, à droite, le président du groupe de la Droite républicaine à l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, a regretté que les partis en soient « réduits à savoir si un gouvernement ne tombera pas dans les trois mois ». Ce dernier a ajouté que son groupe voterait une motion de censure dans « un seul cas de figure : un gouvernement comportant des membres de La France insoumise et dont le programme serait celui du NFP ».
Selon le député LR, cette réunion a démontré qu’il « n’y aura pas de discussion d’un contrat de gouvernement avec des gens dont [son groupe] ne partag[e] pas les mêmes valeurs ». « J’espère qu’il peut y avoir un accord pour au moins ne pas faire tomber un gouvernement. Mais nous ne croyons pas à la possibilité de discuter un contrat de gouvernement avec des gens qui ne partagent pas la même vision de ce qu’il faut faire pour la France », a-t-il ajouté.
Loi spéciale pour le budget
En attendant, le gouvernement de Michel Barnier démissionnaire, tiendra avec Emmanuel Macron un Conseil des ministres ce mercredi. Le projet de « loi spéciale » sur le budget, permettant notamment à l’État de lever l’impôt à partir du 1er janvier 2025, y sera présenté, avant un premier examen à l’Assemblée le 16 décembre.
Mais les députés Insoumis ont déclaré vouloir déposer un amendement pour « mettre dans cette loi spéciale l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu », a-t-il précisé. Cette disposition technique, prévue dans le budget du gouvernement Barnier avant sa censure, éviterait à « 18 millions de Français » de payer plus d’impôts l’an prochain.
Mais les avis divergent sur la possibilité de la faire passer via un amendement à la loi spéciale. Le ministre démissionnaire des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, a ainsi mis en garde lundi contre une impossibilité constitutionnelle.
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