40 ans au service des Français de l'étranger – Hervé SEROL

40 ans au service des Français de l'étranger – Hervé SEROL

A la veille des élections consulaires de mai 2026, Hervé SEROL, Président du Conseil consulaire des Français des Émirats arabes unis et d’Oman, livre une interview vérité dans l’édito des Mousquetaires qu’il copublie avec Gilles Grima, conseiller à l’AFE pour l’Asie et le Moyen-Orient, et Guillaume Nassif, élu au conseil consulaire d’Abou Dabi. On partage avec vous des extraits de cet échange, marqué par l’émotion, puisqu’’Hervé SEROL, après 40 ans au service des Français de l’étranger, du cœur de l’Afrique aux rivages du golfe persique, annonce ne pas se représenter. En fin d’article, vous pouvez télécharger le numéro de décembre des « Mousquetaires »

Alors que s’ouvre ce 10 décembre, le 6ème Sommet Économique France-Pays Arabes à Paris, cette interview d’Hervé SEROL est l’occasion de découvrir la vie de nos compatriotes dans l’Émirat en s’éloignant des clichés.

Une de l'édition de décembre 2025 du magazine "Les Mousquetaires"
Une de l'édition de décembre 2025 du magazine "Les Mousquetaires"

Au crépuscule d’une vie publique de 40 ans....

Les Mousquetaires : Hervé SEROL, Président du conseil consulaire Français pour les UAE et Oman : qui êtes-vous ?

Hervé SEROL : Se définir est souvent complexe d’autant que la discrétion fait partie de mon ADN ; Ce sont souvent les autres qui parlent le mieux de moi …. Ou pas.

Les Mousquetaires : On vous connait peu, aucune donnée sur votre vie privée, vos activités ce qui alimente les conversations dans les diners mondains, que pouvez-vous nous dire ?

Hervé SEROL : Effectivement je ne m’étends pas sur ma vie privée et ma vie professionnelle. En bon Auvergnat, restons discret !

Les Mousquetaires : Si vous deviez alors vous définir en quelques mots ?

Hervé SEROL : Fidélité, loyauté, amitiés, amoureux de la France, éternel optimiste… discret et « Libre et de bonne Moeurs » 😉 Passionné par nature ; adrénalinomane… On me dit généreux…. Intuitif…. Stratège (rires)

Les Mousquetaires : Quel est votre premier souvenir lié à votre engagement public ou politique ?

Hervé SEROL : Nous sommes au milieu des années 80 ; en peu de temps je rencontre Jacques Chirac et Yves Nicolin ; le premier aura un destin exceptionnel ; le second sera conseiller général, puis député, maire, président de l’agglo…Président de SOS orphelinat du monde. À partir de 1986 je décide de m’engager et d’être « sur le terrain », tract, affiches, réunions, débats… parfois quelques moments « chauds »…

Les Mousquetaires : Quelle est l’image ou le lieu qui vous ramène immédiatement à votre enfance ou à vos racines ?

Hervé SEROL : Mes racines, j’y suis très attaché ! Ne jamais oublier d’où l’on vient ! J’ai grandi dans une superbe famille, maman Directrice d’école et secrétaire de mairie (souvent les 2 métiers allaient de pair) dans un village de 364 habitants ; je suis rentré à l’école dans le ventre de maman, puis les « études » le soir à l’école « avec les grands »… une scolarité où être le fils de la Directrice nécessite une rigueur et une envie, voir une obligation de se surpasser et de réussir. Il fallait être le premier… Papa a eu plusieurs vies, homme « très secret », travailleur et au grand cœur…. Mes parents ont consacré leur vie aux autres ; nous habitions un logement de fonction entre l’école et la mairie ; combien de fois maman passait de la cuisine à la mairie( une porte les séparait) tôt le matin avant que les habitants partent au travail ou tard le soir… parfois 6h du matin… ou 21H le soir pour un acte d’état civil, un papier, une information cadastrale, une aide…. Tout cela était normal… j’ai baigné dans cette ambiance de village « gaulois » où chacun sait pouvoir compter les uns sur les autres…. Où le chasseur offre du gibier, le paysan des saucissons juste « pour faire plaisir » et partager….

J’ai des tonnes de souvenirs de ces superbes moments avec mes parents et ma sœur au village, des moments simples, paisibles durant lesquels les voisins se parlaient, on était solidaire, on avait la fête des Classe ( et oui clin d’œil à Ilhami !), le sou des écoles, la pétanque, les mariages, les naissances, les communions, les veillées, les cochons qu’on tuait dans les fermes (officiellement c’est fini ! ), les fête patronales, les commémorations civiles et militaires ; les enterrements aussi…. Je pense souvent à tous ces moments ; était-ce mieux avant ? Probablement…. Générosité, sécurité, solidarité…. Sans réseaux sociaux…. De ces années, j’ai appris à connaitre et comprendre les autres, j’ai appris à aider, à écouter, à me dépasser, j’ai appris l’obstination et surtout j’ai appris à apprendre ! C’était la normalité du village…. On était curieux de tout, sans jalousie. Des rencontres exceptionnelles avec des gens simples, des anciens qui avaient fait 39/45, des résistants, des anciens d’Algérie et d’Indochine, des Catholiques, des musulmans, des juifs, des protestants, des athées, des communistes, des harkis, etc. Tous empreint d’une certaine humilité, certes avec des divergences mais on était tous là et ensemble quand il fallait ! Une belle approche des valeurs de la vie ! On était sérieux sans se prendre au sérieux ! Un peu « les copains » d’abord de Brassens !

Les Mousquetaires : Que garder vous de ces valeurs ?

Hervé SEROL : Une relation importante au service public, à l’entraide…. J’ai fait une carrière professionnelle au sein du service dit « public »…. Des débuts dans l’associatif à 15 ans, dans la vie publique…. C’est certainement dû à cela. Je garde aussi ce « besoin d’être ensemble », ces grandes tables improvisées qui se décident au dernier moment, ce besoin de partage, cette envie de se faire croiser « à table » des gens qui ne se seraient jamais croiser, cette envie d’aider. Ce besoin de partager avec des amis sans tenir compte de « leur grade et qualité »… Ma table est toujours ouverte et que ce soit aux UAE, en France ou ailleurs, j’aime se faire retrouver des gens qui se parlent sans savoir qui est l’autre ; parfois un copain du village avec un grand patron ou un politique important…. Et là, la magie opère !

Les Mousquetaires : On vous dit généreux…

Hervé SEROL : A ma table, à la maison, j’aime faire plaisir et puis ce côté Auvergnat de la peur de manquer et surtout de rassembler ! J’aide aussi un certain nombre d’associations en France et en Afrique…

Les Mousquetaires : Lesquelles ?

Hervé SEROL : Le FELE ( Fond d’entraide de la Légion Étrangère) à Puyloubier, des associations Militaires et civils, nos églises… des compatriotes dans le besoin. (silence)

Hervé SEROL, le 17 février 2025 au salon Gulfood à Dubaï ©HS
Hervé SEROL, le 17 février 2025 au salon Gulfood à Dubaï ©HS

Hervé SEROL au fil des ans

Les Mousquetaires : Quel a été le moment le plus gratifiant de votre carrière en tant qu’élu des Français de l’étranger ?

Hervé SEROL : Lorsque l’on est élu, on nous appelle souvent en cas de problème et ce à toute heure (rarement quand tout va bien !); faut-il attendre réellement de la gratitude ? Garder des contacts « à postériori », recevoir un « merci »… Chaque action menée est une victoire et ce, quelle qu’en soit l’issue !

Les Mousquetaires : Quel défi ou obstacle avez-vous dû surmonter dans votre rôle, et comment l’avez-vous vécu ?

Hervé SEROL : J’ai eu la chance d’être élu en Afrique (centrale, australe et orientale) et aux UAE et Oman ; donc une vision et une expérience avérée de l’expatriation et du mandat d’élu. Les problèmes sont souvent la non-préparation de nos compatriotes à s’expatrier, pensant par exemple que l’Afrique Francophone c’est « comme France », que les UAE c’est l’Eldorado ; découvrant que le coût de la vie est parfois élevé avec des frais de scolarité, d’assurance santé, le fait de ne plus pouvoir percevoir des aides « françaises » (CAF, etc…) On fait de la pédagogie, de la bobologie… Parfois on gère des situations plus complexes sur lesquelles l’administration n’a pas de solution miracle malgré des notes d’information sur les sites web des consulats. Un vrai sujet : le positionnement avec « le poste diplomatique » ? Parfois considéré comme des concurrents (les élus n’interviennent pas dans la Diplomatie et les relations bilatérales !) Parfois comme « tolérés » … et pas forcément invité à chaque évènement. Une question d’Homme et de relation et peut-être d’égo. La cour de maternelle n’est jamais loin. Mais c’est la vie… J’ai coutume de dire que nous sommes des élus de proximité représentant les Français, disposant d’un réseau et un ancrage local important tant au niveau de la communauté Française que des autorités et du tissu local, les élus restent souvent plus longtemps que les fonctionnaires présents pour 3 ans. J’ai eu la chance de travailler avec des diplomates de très grandes valeurs, en poste à l’étranger ou « en centrale » qui faisaient confiance aux élus et avec lesquels il y avait des échanges quasi hebdomadaires. Ces « diplo » avaient tout à fait compris ce que nous pourrions faire pour la Maison France. Une vraie « team France » avant l’heure.

Les Mousquetaires : Gardez-vous des liens avec eux ?

Hervé SEROL : Oui forcément ! Des gens bien qui, je pense, étaient vraiment faits pour ce métier dans la diplomatie, un job choisi et pas subit ! Et puis il y a les EDL (emploi de droit local) qui ne sont pas sous le feu des projecteurs mais qui sont les forces vives et la mémoire de nos « postes diplomatiques » ; je souhaite vraiment leur dire merci et leur exprimer ma gratitude ; sans eux, la machine marcherait certainement moins bien !

Les Mousquetaires : Y a-t-il une rencontre ou une collaboration qui a marqué votre parcours ?

Hervé SEROL : Il y en a plusieurs…. Le président Chirac bien sûr et mon ami Alain MARSAUD, vieux camarade, magistrat, fondateur du parquet antiterroriste, député et surtout mon ami, mon confident ! J’ai coutume de dire « qu’on a ri et pleuré ensemble » et nous avons mené des actions « sensibles » qui nous ont soudées de manière indéfectible ! Il y a des « hautes personnalités » Française et étrangères devenues amis « fidèles et sincères »…

Hervé SEROL avec Christian Prouteau, préfet et fondateur du GIGN à Dubaï en novembre 2023
Hervé SEROL avec Christian Prouteau, préfet et fondateur du GIGN à Dubaï en novembre 2023

Hervé SEROL, l'homme derrière l'engagement

Les Mousquetaires : Si vous deviez résumer votre philosophie de vie en une phrase, quelle serait-elle ?

Hervé SEROL : Dans mes bureaux j’ai cette phrase qui m’est chère et qui interpelle les visiteurs :«Je suis fidèle à mes amis au point d’en oublier mes convictions » et puis « qui ose gagne ! ». Comprenne qui voudra.

Les Mousquetaires : Ora et Labora ? Vous croyez en Dieu ?

Hervé SEROL : Oui ! Mais pour moi le spirituel est personnel et sacré ! J’ai la chance d’avoir des amis de toutes les religions et j’organise des repas à la maison en respectant les croyances et spécificités des uns et des autres ; les échanges sont passionnants ! Un clin d’œil à mon ami Antoine de Romanet, au Padre Boudereaux…à Jean Marie Luc Brun, à Raim C., à Hassen B.….

Les Mousquetaires : Comment envisagez-vous cette nouvelle étape de votre vie après votre carrière publique ?

Hervé SEROL : J’ai la chance, ou le défaut, d’être très légèrement excessif et hyperactif (rires)… les activités ne manquent pas et les journées sont toujours trop courtes. Les projets actuels avancent bien et d’autres verront le jour début 2026. Encore des voyages et des rencontres à prévoir…

Les Mousquetaires : Quel message souhaiteriez-vous laisser aux Français de l’étranger que vous avez représentés ?

Hervé SEROL : J’ai été là pour vous et merci de la confiance apportée, J’ai souvent été le réceptacle de moments de vie parfois « compliqués » ; j’ai essayé d’être à la hauteur et j’ai fait de mon mieux pour les autres, croyez-le.

Découvrez toute l'interview d'Hervé SEROL dans le magazine "L'édito des Mousquetaires"

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