Le droit européen impose en effet à partir du 1er janvier 2024 une mise en concurrence du trafic ferroviaire pour toutes les régions via des appels d’offres obligatoires. La SNCF, déjà confrontée à une timide mais réelle concurrence sur les lignes internationales, va désormais devoir se battre sur son territoire historique pour conserver ses lignes… Elle en a déjà perdu !
La concurrence sur les lignes TGV
Déjà bousculé sur Paris-Lyon-Milan par l’opérateur italien Trenitalia depuis décembre 2021, mais aussi par la compagnie espagnole pour les départs depuis la péninsule ibérique, Jean-Pierre Farandou, le PDG de la compagnie française, fait mine d’être serein, mais il ne prend pas la menace à la légère, surveillant de près l’équilibre économique du TGV, aujourd’hui principale source de rentabilité de l’entreprise.
Si les bénéfices de cette branche sont au rendez-vous, c’est en effet grâce à quelques lignes très rentables. En tête, il y a les liaisons internationales, qui partent de Paris vers Bruxelles, Cologne, Londres, Amsterdam, Barcelone, Francfort. Il y a aussi des liaisons domestiques : de Paris vers Lyon, Marseille, Colmar ou Strasbourg. D’autres sont moins profitables mais tout de même bénéficiaires, comme Paris-Lille, Calais (Pas-de-Calais) ou Dunkerque (Nord). Beaucoup d’autres, en revanche, coûtent de l’argent à la SNCF.
Pluie d’appels d’offres
Désormais, le temps de l’ouverture du marché national s’est ouvert et cela a commencé en fanfare avec une pluie d’appels d’offres. Celles-ci sont complètes puisqu’elles incluent en général la gestion et l’exploitation du service public, le transfert des salariés vers le nouvel opérateur (en cas de défaite de la SNCF) mais aussi l’entretien et la maintenance du matériel roulant, l’accueil et l’information des voyageurs, le tout dans une logique d’amélioration du service rendu.
Ces appels à la concurrence ont lieu (ou ont eu lieu) dans la plupart des régions françaises. Pour la SNCF, c’est un risque majeur et multiple de perdre son monopole historique après des décennies de domination solitaire.
La région PACA basculera dès 2025
La région PACA est la première à avoir sélectionné (en 2021) un opérateur après appel d’offres qui remplacera donc pour la première fois en région la SNCF en 2025.
C’est Trandev (fruit de la fusion en 2011 de Transdev et Veolia Transport) qui a remporté la mise. Le contrat porte sur 10 ans et impose à Transdev de doubler le nombre d’allers-retours quotidiens sur la ligne.
Trandev annonce « 14 liaisons aller-retour par jour et des cadencements à l’heure sur une plus large amplitude horaire, apportant ainsi plus de qualité de service, de fiabilité, de régularité et de ponctualité (97,5% des trains ponctuels), un aspect attendu par les voyageurs du quotidien », peut-on lire dans un communiqué.
D’autres régions devraient suivre. La SNCF paie là, l’activisme des syndicats, dans la région PACA, le nombre de jours de grèves explosent chaque année par exemple. De quoi s’interroger sur la technique des syndicats qui vont voir, du coup, leurs effectifs quitter du coup le cadre protecteur de l’entreprise publique.
Les Français pas assez informés mais confiants
Si en tant que Français de l’étranger vous découvrez la nouvelle et vous vous interrogez sur les modalités de cette grande bascule, rassurez-vous c’est aussi le cas des Français de métropole !
Dans une étude réalisée par Trainline et publiée en juin 2023, une plateforme européenne de réservation de trajets en train, on apprend que 80 % des sondés ont entendu parler de l’ouverture à la concurrence des trains de personnes en France mais sont autant à se déclarer pas assez informés.
Pourtant ils sont optimistes, 61 % estiment que l’ouverture à la concurrence est plutôt synonyme d’avantages pour le pays (+ 17 points par rapport à août 2022) et 55 % d’avantages pour leur région.
Ils sont même 80% a plébiscité l’ouverture à la concurrence pour les lignes nationales, et 77 % en ce qui concerne les lignes régionales. Preuve du désamour profond des Français avec leur compagnie nationale, la SNCF. Cette ouverture à la concurrence est l’espoir pour 80% d’entre eux d’obtenir de meilleurs tarifs. Et ils ont raison. Sur les lignes où la SNCF est en concurrence vers Milan via Lyon ou vers Madrid via Marseille les prix ont chuté de 30 à 44%. Mais comment la SNCF pourra-t-elle tenir financièrement alors qu’elle est grevée par les avantages arrachés au fil des décennies par ses cheminots !
Auteur/Autrice
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Paul Herikso est franco-norvégien né à Paris d'une maman française et d'un papa norvégien. Après des études de tourisme, il retrouva sa famille paternelle en Norvège où il participa au développement des croisières. Il est aussi correspondant pour lesfrancais.press
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