2021, l’année des Cryptomonnaies

2021, l’année des Cryptomonnaies

Le cours du bitcoin  a franchi les 30 000 dollars. Avec une capitalisation actuelle du bitcoin de plus de 400 milliards de dollars, le bitcoin est la plus importante des cryptomonnaies, mais il existe plus de 1 500 cryptomonnaies. Il y a plus de 100 millions d’utilisateurs du Bitcoin dans le monde. 

Environ 18,5 millions de bitcoins sont actuellement en circulation. Or le nombre de bitcoins en circulation est plafonné à 21 millions. Comme la masse monétaire du bitcoin est prédéterminée, la « rareté » du bitcoin en fait la valeur, surtout en période de création monétaire débridée des monnaies classiques, voire folle, en raison de la crise du coronavirus. Avec les cryptomonnaies, pas de planche à billets. Le bitcoin apparait alors comme une valeur refuge, que JPMorgan n’a pas hésité à comparer à l’or ! L’achat de bitcoins par des investisseurs institutionnels commence à se développer. Beaucoup voient toujours dans les cryptomonnaies, et notamment le bitcoin, une valeur purement spéculative.

Le bitcoin devient un moyen de paiement

Pourtant, d’autres décisions expliquent sa montée, celle de Paypal, qui autorise ses utilisateurs américains de l’utiliser. Cette année, les clients PayPal pourront utiliser leurs bitcoins comme moyen de paiement auprès des commerçants du réseau PayPal. Le Bitcoin devient un moyen de paiement et c’est une première.

Facebook devrait lancer sa monnaie en 2021 

Facebook, malgré de fortes pressions sur son projet de monnaie numérique Libra, va bien lancer sa monnaie cette année. Mais au lieu d’être fondée sur un panier de devise, elle restera accrochée au dollar, du moins dans un premier temps ; au lieu de s’appellera Libra, elle s’appellera Diem, du nom de l’association qui la portera ; et elle sera suisse au lieu d’être américaine, puisque le siège de l’association est en Suisse. Il sera possible d’utiliser le Diem via les différentes plateformes du groupe Facebook et d’autres membres de l’association comme Uber, Spotify ou Iliad. Le fonds souverain de Singapour a rejoint le projet. Encore faut-il obtenir le feu vert des autorités suisses, la Finma, l’autorité fédérale des marchés financiers suisses.

Les Banques centrales préparent leur riposte digitale

Face à ces offensives des monnaies privées, accusés de faciliter l’évasion fiscale, le blanchiment, les réseaux criminels et terroristes (on se demande comment faisaient les criminels avant les cryptomonnaies, auraient-ils osé utiliser les réseaux bancaires et les dollars en billets?), les banques centrales soucieuses de protéger leur autorité morale autant que financière, se sont projetées dans l’univers des cryptomonnaies. Pour elles, un double avantage : entraver le développement des cryptomonnaies privées, retrouver leur indépendance perdue avec le crise au profit des Etats.

La plupart d’entre elles travaillent au développement d’une monnaie numérique de Banque centrale (MNBC)   

La Suède a commencé à tester une monnaie numérique dés février 2020 et la Banque de France mène depuis juillet 2020 des expérimentations de monnaie digitale. La BCE a lancé en octobre 2020 une consultation qui prendra fin mi-janvier 2021, pour déterminer les caractéristiques d’un futur eurodigital.  L’euro numérique pourrait reposer sur une blockchain, le système inviolable et infalsifiable utilisée par les cryptomonnaies. Il y aurait alors un nombre prévisible et limité d’euros numériques, ce qui en ferait la force, et qui pousserait encore plus loin les taux d’intérêt négatifs… Aujourd’hui, ils sont à -0.5%. Que peut-on imaginer avec un euro numérique bloqué, dont la valeur ne cesserait de croitre ?

En Europe, en Chine, au Japon. 

La Chine teste depuis mai 2020 la Digital Currency Electronic Payment (DCEP) à Shenzhen et dans trois autres villes. Originalité : Ce Yuan digital serait lié au système de crédit social à point développé par le gouvernement. La vertu trouverait alors sa juste récompense, le parti aussi.

Pour l’instant, les modes de paiement numériques sont contrôlés par des acteurs privés, Tencent et Alibaba qui contrôlent respectivement WechatPay et Alipay, mais l’introduction en Bourse d’Alipay a été stoppé net par le pouvoir et Jack Ma remis à sa place. A un tel point qu’il serait porté disparu.

Le Japon a aussi annoncé en novembre 2020 qu’il allait entamer en 2021 une expérimentation de sa propre cryptomonnaie. 

Nouvelles règles du jeu monétaire digital 

La Commission européenne travaille aussi sur une régulation européenne de la blockchain et des cryptomonnaies. Elle propose un cadre harmonisé pour les différents États membres, d’autant que la réglementation européenne en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme s’applique aux prestataires de services de cryptomonnaies. D’après des chiffres communiqués par le régulateur britannique, la Financial Conduct Authority (FCA) et Action Fraud, 81 % des arnaques et escroqueries sur les devises ont concerné les cryptomonnaies entre le premier trimestre de 2018 et 2019. L’anonymat encourage de nombreux criminels, voire des terroristes, à y avoir recours. Les cryptomonnaies offrent des possibilités en matière de blanchiment et d’évasion fiscale. La Corée du Sud a d’ailleurs interdit les cryptomonnaies anonymes (comme Monero ou Dash).

La régulation va donc forcément s’accroitre. De même on ne peut imaginer Facebook et les Gafas lancer des instruments de paiement sans l’aval des autorités américaines. Elles devront y trouver leur compte. Et les créateurs de ces nouvelles monnaies seront heureux de le leur accorder, tant les bénéfices sur le partage de la puissance monétaire sont immenses. 

Privée ou publique, la montée en puissance des cryptomonnaies semble inévitable, surtout avec une multiplication de la masse monétaire par vingt en vingt ans. Les banques centrales, longtemps opposées aux cryptomonnaies, y participeront d’autant plus volontiers qu’elles y retrouveront leur indépendance. 2021 sera donc l’année des cryptomonnaies, mais elles ne seront peut-être pas celles que l’on connait aujourd’hui, et n’obéiront peut-être pas tout à fait aux mêmes règles. En matière de finance et de droit, l’imagination repousse les limites plus facilement qu’en art.

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